Réforme de l'AVS
Le coprésident du PS s'en prend à Alain Berset

Le département du socialiste Alain Berset estimerait finalement qu'une augmentation de l'âge de la retraite est «inévitable à moyen terme». Au sein du PS, ça passe mal. Le coprésident du parti, Cédric Wermuth, qualifie la position du conseiller fédéral d'«absurde».
Publié: 08.01.2022 à 11:22 heures
|
Dernière mise à jour: 08.01.2022 à 20:15 heures
1/4
Dans une note de discussion destinée au Conseil fédéral, le département du socialiste Alain Berset explique qu'un âge de la retraite plus élevé est inévitable.
Photo: keystone-sda.ch
Sermîn Faki

Les quatre membres de l'aile droite du Conseil fédéral veulent nous faire travailler plus longtemps. Et le rempart gauchiste qu'était Alain Berset semble avoir cédé sous la pression.

Les conseillers fédéraux bourgeois voulaient un âge de la retraite à 66 ans

Dans des documents internes que Blick s'est procuré en vertu de la loi sur la transparence, Ueli Maurer (UDC), Guy Parmelin (UDC), Karin Keller-Sutter (PLR) et Ignazio Cassis (PLR) font part de leur sympathie pour l'initiative populaire des Jeunes libéraux-radicaux, qui vise à augmenter progressivement l'âge de la retraite et à l'adapter à l'espérance de vie.

Il n'est guère surprenant que les partis bourgeois se prononcent en faveur de l'augmentation de l'âge de la retraite. Après tout, leur position correspond à celle de leur parti.

Mais il est tout à fait étonnant que le camarade Alain Berset considère lui aussi cette augmentation comme étant nécessaire – contrairement à son parti. Car la ligne du PS sur ce sensible sujet est claire depuis toujours: l'on ne doit pas travailler plus longtemps.

Berset ébranle les fondements du PS

Comme l'a révélé Blick, le Département de l'intérieur (DFI) d'Alain Berset écrit dans une note de discussion qu'une hausse de l'âge de la retraite au-delà de 65 ans sera «inévitable à moyen terme».

Ce faisant, le conseiller fédéral socialiste brise un tabou de gauche. L'âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et à 64 ans pour les femmes est un acquis sacré pour les socialistes et, de concert avec eux, pour les syndicats. Au-delà du pratique, Alain Berset touche ainsi à l'un des piliers identitaire de la gauche.

Le conseiller fédéral a surpris plus d'un gauchiste. Mais le coprésident du PS Cédric Wermuth tente de garder la balle à terre. Interrogé, il déclare à Blick: «Personne ne sait exactement quelle proposition Alain Berset a présentée au Conseil fédéral.» Il s'agit de fait d'une note de discussion, issue de la séance de consultation des offices, et non pas d'une position définitive.

«Absurde!»

S'il ne veut pas faire de vagues, Cédric Wermuth ne laisse par contre planer aucun doute sur le fait qu'il trouve la position de son camarade de parti «erronée sur le fond».

«Il n'y a aucune raison d'augmenter l'âge de la retraite AVS de manière générale. Le pays devient toujours plus riche, les entreprises font toujours plus de bénéfices, et en conséquence, les travailleurs devraient travailler plus longtemps? C'est absurde !» D'autant plus qu'un âge de la retraite plus élevé ne ferait qu'augmenter le chômage.

Le coprésident du PS fait allusion au fait qu'aujourd'hui déjà, certaines entreprises veulent se débarrasser d'employés coûteux de plus de 60 ans et préfèrent embaucher des jeunes apparemment plus performants pour les remplacer. Lorsque les travailleurs âgés perdent leur emploi, ils ont du mal à en trouver un autre. En repoussant l'âge de la retraite d'un, puis de deux, puis de trois ans, la gauche estime que ce problème ne ferait que s'aggraver.

Cédric Wermuth admet certes qu'il y a des lacunes dans le financement de l'AVS, car les prolifiques générations issues du baby-boom (nées entre 1946 et 1964) partent actuellement à la retraite. Mais pour la gauche cette lacune financière n'est que temporaire et peut être facilement comblée.»Le PS lancera une initiative avec les syndicats pour que les milliards de la Banque nationale soient utilisés pour l'AVS», annonce le coprésident de Berset.

La nouvelle coqueluche de la droite?

Naturellement, la réaction est différente de l'autre bord politique. «Je salue le fait que le DFI soit désormais lui aussi convaincu que nous courons vers des problèmes massifs dans le cadre l'AVS», déclare le conseiller national radical Andri Silberschmidt,

Le cerveau derrière l'initiative des jeunes libéraux-radicaux sur les retraites souligne aussi qu'il faut des actes plutôt que des paroles. «Alain Berset doit aussi aider à la mise en place des prochaines réformes», déclare-il. Et celles-ci ne pourraient pas simplement consister en une augmentation des impôts.

Le jeune politicien en est convaincu: «sans une vie professionnelle plus longue, cela ne marchera pas». Contrairement à Cédric Wermuth, le libéral-radical mise sur le fait que le chômage n'augmentera pas: «Sur le marché du travail, le besoin de main-d'œuvre qualifiée s'accentue. C'est aussi pour cette raison qu'il est important d'augmenter l'âge de la retraite».

(Adaptation par Daniella Gorbunova)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la