Le chef des Vert-e-s avance une proposition controversée
Un comité pour vérifier la véracité des campagnes politiques?

Le conseiller national Balthasar Glättli veut créer un organe de contrôle pour traquer les fausses affirmations dans les campagnes avant les votations. A l'ère des IA, il estime l'idée vitale pour la démocratie. Les experts sont sceptiques.
Publié: 26.07.2023 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 26.07.2023 à 08:29 heures
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Le président des Vert-e-s Balthasar Glättli veut prendre des mesures contre les fake news.
Photo: Thomas Meier
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Fabian Eberhard

Voilà une affiche politique qui aura fait parler d'elle: celle du PLR représentant des activistes du climat bloquant le trafic routier, dont une ambulance. Seulement, la scène n'a jamais eu lieu. Le PLR l'a générée avec de l'intelligence artificielle (IA). Une affiche qui n'a pas manqué de faire réagir les politiques.

Au cœur de la polémique, une question: que permet la propagande politique? Aujourd'hui: beaucoup. Contrairement à la publicité commerciale, il n'y a pratiquement pas de limites à la publicité politique. Les restrictions sont minimes.

Le président des Vert-e-s, Balthasar Glättli, souhaite désormais prendre les devants. Il veut créer un organe chargé de contrôler la véracité de la publicité politique. Pour ce faire, le conseiller national compte bien recourir à l'instrument d'intervention le plus puissant du Palais fédéral: l'initiative parlementaire.

Une réponse possible aux fake news

«La loi sur les droits politiques doit être modifiée afin de créer un organe qui puisse être saisi pendant les campagnes de votation pour évaluer les déclarations douteuses dans la publicité politique», écrit-il dans son intervention. Le président des Vert-e-s voudrait-il soumettre le débat politique à un contrôle de qualité?

L'organe, qui pourrait être présidé par les présidents des conseils selon l'initiative, n'aurait aucune possibilité de sanction. Mais il réprimanderait publiquement les campagnes trompeuses et obtiendrait ainsi, dans le meilleur des cas, un effet préventif.

Balthasar Glättli l'affirme: «Avec les réseaux sociaux, les fake news se propagent aujourd'hui beaucoup plus rapidement qu'auparavant et l'intelligence artificielle permet de falsifier plus facilement les photos et les enregistrements sonores.» Il est donc important, selon lui, que les électeurs puissent s'appuyer sur une évaluation neutre et digne de confiance. «C'est vital pour l'avenir de la démocratie directe», estime l'élu.

Le cœur de la publicité politique

Urs Saxer, spécialiste des médias et du droit constitutionnel, est sceptique. «La proposition part d'une bonne intention, mais elle ne convient pas à la réalité», pense-t-il. Selon lui, le désir de régulation est certes compréhensible, mais les contre-vérités doivent «se réguler dans le cadre du débat politique».

Selon Urs Saxer, un organe – en particulier étatique – n'est pas approprié pour cela. «Cela fait partie du cœur de la publicité politique que de travailler avec l'exagération, l'exagération et en partie aussi avec des contre-vérités.» La communication politique doit être aussi libre que possible, y compris dans les campagnes politiques, estime-t-il. «Dans la lutte d'opinion politique, aucun organe étatique ne devrait décider du bien et du mal.»

La proposition n'est toutefois pas tout à fait absurde. Un organe similaire à celui proposé par le président des Vert-e-s existe déjà dans le domaine commercial. La Commission suisse pour la loyauté examine les publicités à la recherche de faits, de mensonges et d'indications trompeuses.

Récemment encore, la commission a accepté une plainte contre la FIFA, qui avait affirmé à tort que la Coupe du monde de football 2022 au Qatar avait été neutre pour le climat.

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