Le brouillard s'est peu à peu dissipé durant la journée mouvementée qu'a vécue la finance suisse. Mais il reste encore de nombreux points d'interrogation. Par exemple, la question de savoir combien du crédit de 50 milliards de francs de la Banque nationale Credit Suisse (CS) a déjà retiré, ainsi que combien de temps cet argent suffira à calmer quelque peu l'agitation autour de sa situation délicate. Et si la confiance des clients, des investisseurs et des autres banques - de loin la monnaie la plus importante pour une banque - sera rétablie.
Une chose est sûre: sur le marché des actions, l'injection de 50 milliards de francs suisses a fait mouche, les investisseurs s'emparent de l'action CS. Mais l'euphorie du début s'est vite dissipée: des 33% de plus dans les premières minutes de négoce, il ne reste plus qu'un bond de près de 20% du cours jusqu'à jeudi soir. L'action parvient tout de même à se maintenir un minimum au-dessus de la barre des 2 francs par titre CS, avec un cours de clôture de 2,02 francs.
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Un peu de répit pour Credit Suisse
Credit Suisse est pour l'instant débarrassé des soucis concernant ses actionnaires. On entend toutefois dire que les clients continuent de quitter la banque et que les sorties d'argent ne sont toujours pas stoppées.
Il semble que CS retirera rapidement l'argent de la Banque nationale, notamment pour pouvoir faire face aux «sorties probablement importantes de dépôts de clients», explique à l'agence de presse AWP le professeur Teodoro Cocca de l'université de Linz.
La banque semble tout de même s'être offert un peu de répit. L'expert bancaire Peter V. Kunz assure à l'antenne de Blick TV: «Les 50 milliards devraient suffire pendant un certain temps. Si une situation d'urgence devait vraiment se produire, la Banque nationale pourrait sans autre augmenter ce montant.»
Les banques ne font pas confiance à CS
Mais Teodoro Cocca évoque un autre problème de la banque: Credit Suisse n'a probablement plus eu la possibilité de se procurer suffisamment de liquidités sur le marché parce que les autres banques ne lui faisaient plus confiance, explique l'expert bancaire. Et cela ne semble pas s'être vraiment amélioré. Les primes d'assurance contre le risque de défaut de crédit de CS sont toujours à des niveaux vertigineux. Dix fois plus élevées que celles de l'UBS, par exemple.
Cela montre que le problème central de la banque n'est toujours pas résolu, à savoir d'où proviendront les bénéfices futurs pour pouvoir justement honorer tous les engagements de la banque. Les autres banques regardent toujours avec méfiance le futur modèle commercial de leur concurrente.
Un long chemin à parcourir
Il est vrai que l'injection de fonds à CS ne peut pas être comparée au sauvetage de l'UBS. Surtout parce que cette dernière a profité de la reprise après la crise financière pour se redresser. Credit Suisse, en revanche, doit se reconstruire en des temps bien plus difficiles.
Le bilan est donc complexe pour CS: les investisseurs se sont temporairement ravisés, les clients restent sceptiques et les créanciers ne font toujours pas vraiment confiance à la banque. L'opération d'urgence a certes réussi, mais le patient est encore loin d'être sur la voie de la guérison.