Dimanche, les autorités valaisannes en ont eu assez du jeu du chat et de la souris auquel ils ont dû se livrer avec les tenanciers de la Walliserkanne à Zermatt. Après une semaine de heurts face à cette famille réfractaires, leur refus de fermer leur établissement ou de se tenir au certificat Covid, les trois membres de la famille (un fils et ses parents) ont été arrêtés. Le Ministère public a demandé qu'ils soient placés en détention provisoire pour une période d'un mois.
Cette demande a toutefois été rejetée. Comme l'écrit le tribunal des mesures obligatoires dans un communiqué, il considère que «le soupçon que les accusés sont coupables d'entrave à un acte officiel, de bris de scellés, de désobéissance à des ordres officiels et éventuellement de violences et de menaces à l'encontre des autorités et des fonctionnaires est clairement donné». Cependant, le tribunal n'y voit pas particulièrement «un motif de détention.»
Pas de «gravité imminente»
Le Ministère public justifie sa demande sur le risque que les trois tenanciers commettent une infraction grave. Ce motif de détention présuppose «qu'il existe une crainte sérieuse qu'une personne mette à exécution sa menace de commettre un crime grave», écrit le tribunal. Il admet que les prévenus ne se plieront pas aux mesures officielles une fois relâchés et qu'on puisse partir du principe qu'ils fassent appliquer les règles sanitaires au sein de leur établissement, mais n'y voit pas de facteur suffisamment grave pour justifier une détention préventive.
L'ordonnance n'est pas encore définitive. Toutefois, le Ministère public a confirmé qu'il s'abstiendrait de faire appel.
Patrik A. en liberté
Le frère Patrik A.*, qui tempête lui aussi depuis un certain temps contre les autorités et les mesures Covid, est le seul membre de la famille encore en liberté. Il est actuellement à l'étranger.
Cependant, comme l'écrit le «Walliser Bote», un mandat d'arrêt existerait également pour Patrick A. Cette information n'a pas encore été confirmée. Le procureur général Rinaldo Arnold n'a pas répondu à nos sollicitations mercredi. Selon le «Walliser Bote», Patrik A. aurait pu se faire passer les menottes à son arrivée en Suisse s'il avait décidé de rentrer.
Accusations de violences au moment de l'arrestation
L'arrestation de la famille coronasceptique a fait grand bruit. Certains ont même accusé la police de s’être montrée violente lors de l’arrestation. Un certain Mario Julen, qui dit avoir joué le rôle de médiateur entre les autorités et les tenanciers du restaurant, affirme que les agents ont frappé la mère, disloqué l'épaule du fils et donné un coup de poing dans le cou du père.
Les autorités contredisent ce récit. «Les arrestations ont été effectuées selon le principe de proportionnalité», déclare un porte-parole de la police cantonale. La famille ne s'est pas laissée arrêter sans opposer de résistance.
Frédéric Favre, président du gouvernement cantonal valaisan et directeur de la sécurité, affirme également : «Nous n'avons pas enregistré d'actes de violence de la part des policiers.»
(Adaptation par Jocelyn Daloz)