L’ancien conseiller fédéral Ueli Maurer continue à entretenir des relations diplomatiques avec l'étranger, même depuis qu'il n'est plus officiellement dans le circuit. L’ex-ministre des Finances, qui a pris sa retraite à la fin de l'année 2022, a ainsi récemment rendu visite à l’ambassade de Chine à Berne, avec laquelle il entretenait de bons contacts lorsqu’il siégeait au gouvernement, comme le rapporte Blick.
De nombreux politiques s’indignent de cette expédition en solo. Or, le politicien UDC semble pouvoir compter sur le soutien d’anciens membres du gouvernement. Selon eux, il n’est pas inhabituel qu’un conseiller fédéral retraité continue à œuvrer sur le terrain politique peu après sa démission.
Une visite «audacieuse» de Maurer
Leurs arguments? De telles rencontres ne sont pas interdites, s'exclame Pascal Couchepin. Lui-même entretiendrait des contacts avec des diplomates qu’il a connus lorsqu’il était au gouvernement, avance-t-il. «Et Ueli Maurer est connu pour ses bonnes relations avec la Chine», souligne-t-il, pas surpris à la nouvelle de cette visite.
L’ancien conseiller fédéral honore-t-il lui aussi ce type d’invitation de représentants étrangers? Oui, assure-t-il à Blick. Il ne souhaite pas révéler de quel pays il s’agit. Mais selon le PLR, que les anciens conseillers fédéraux continuent à utiliser leurs bons contacts rend un très bon service à la Suisse.
Pascal Couchepin ne veut pas faire de reproche à Ueli Maurer. Mais le Valaisan ajoute que cette visite est «audacieuse». Pour quelle raison? De son point de vue, le Zurichois aurait pu prévoir que l’ambassade chinoise utiliserait cette visite pour ses propres relations publiques.
Après la rencontre, l’ambassade chinoise a en effet publié un communiqué de presse agrémenté d’une photo. Sur cette image, on peut voir Ueli Maurer poser devant le drapeau suisse, donnant ainsi l’impression d’une rencontre entre représentants de l’État. L’ex-élu UDC est bien qualifié d'«ancien conseiller fédéral» dans le titre du rapport. Mais cet adjectif n’apparaît plus dans le texte. Ce qui a posé quelques problèmes.
Calmy-Rey informe le DFAE avant les voyages à l’étranger
L’ancienne ministre socialiste Micheline Calmy-Rey affirme, elle aussi, qu’elle reçoit encore aujourd’hui des invitations de représentations officielles, parfois en sa qualité de professeure invitée à l’université de Genève. «Nous sommes des citoyens normaux – et faisons en tant que tels ce que nous voulons», assène-t-elle.
Après sa démission, la Genevoise a aussi entrepris plusieurs voyages à l’étranger, notamment au Kosovo, en Azerbaïdjan et en Arménie. Elle y a parfois rencontré des ministres qu’elle connaissait encore du temps où elle était conseillère fédérale. Il y a toutefois une petite différence avec la visite d’Ueli Maurer. «J’ai toujours informé le Département des affaires étrangères à Berne de ces voyages, de ma propre initiative», précise-t-elle.
Micheline Calmy-Rey ajoute qu’elle regrette qu’il n’y ait pas de réglementation institutionnelle sur la manière dont les anciens conseillers fédéraux «peuvent encore être utiles à la Suisse». Elle estime que la Confédération pourrait utiliser plus souvent le réseau de ministres ayant quitté leurs fonctions.