Des plats de toute beauté. Des saveurs envoûtantes. Un service attentionné mais extrêmement chaleureux. Celles et ceux qui ont eu le plaisir de s'asseoir à la table de Bernard Ravet s'en rappellent toute leur vie. A 75 ans, ce chef aussi discret que talentueux a décidé de remettre son tablier, révèle GaultMillau.ch. Son fils Guy - avec lequel il officiait en cuisine depuis plusieurs années - n'ayant pas souhaité poursuivre l'aventure familiale, l'Ermitage de Vufflens-le-Château, bien connu de tous les gastronomes, fermera définitivement ses portes le soir du 30 juillet.
Il y a trois décennies, alors que Frédy Girardet régnait en maître absolu sur une gastronomie suisse encore balbutiante, les Romands voyaient émerger sur les hauts de Morges (VD) une nouvelle adresse qui allait rapidement devenir une référence en matière de goût. L'Ermitage de Bernard Ravet peut en effet se targuer d'avoir obtenu la note de 19 points au prestigieux guide culinaire pendant 29 années consécutives.
«La performance de la famille Ravet mérite le respect, explique à Blick Urs Heller, rédacteur en chef de GaultMillau, qui a suivi l'histoire des Ravet de bout en bout. Que l'on puisse se maintenir aussi longtemps au sommet sans sponsors ni mécènes est inhabituel». Urs Heller tient à rendre hommage à une famille toute entière: «Les enfants ont encore amélioré la performance du père. Le fils Guy est aussi talentueux que lui en cuisine. Et la fille Nathalie est une excellente sommelière. Les Ravet ont d'ailleurs été précurseurs, puisqu'ils furent les premiers à importer en Suisse le wagyu de Kagoshima au Japon.»
Guy Ravet veut poursuivre sa route ailleurs
Un fin sans happy end, demande GaultMillau.ch? C'en est malheureusement bel et bien fini de la tartelette croustillante au poireau brûlé, des crevettes d'Argovie marinées au agrumes et des ravioles de jarret de veau braisé longuement qui figurent au menu. Faute de repreneur. Activement présent depuis plusieurs années aux côtés de son père dans une cuisine qu'il a enrichie de saveurs asiatiques, Guy Ravet ne prendra pas la relève.
Bernard Ravet concède avoir été «déçu» d'apprendre que son fils souhaitait poursuivre sa carrière hors du cercle familial, mais il affirme ne pas vouloir devenir «le Molière de la cuisine, qui meurt sur scène, épuisé par le temps.» De son côté, Guy Ravet, également président des Grandes Tables de Suisse, confie ne pas avoir de projets précis, même s'il souhaite en effet «continuer à cuisiner».
Une haute gastronomie sous tension
La magnifique demeure qui abritait le restaurant est désormais à vendre, nous apprend GaultMillau.ch. Un investisseur souhaitera-t-il en faire un restaurant avec des grandes ambitions? Rien n'est moins sûr. La haute gastronomie est un domaine extrêmement concurrentiel dans lequel il est difficile de durer sans avoir de puissants investisseurs, comme c'est le cas de l'Hôtel de Ville de Crissier qui règne encore et toujours sur la gastronomie suisse aux côtés du chef grison Andreas Caminada.