Beat Jans a réussi. Peu après 12 heures ce mercredi, au troisième tour de scrutin et avec 134 voix, le Bâlois est élu au Conseil fédéral. Il succède ainsi à Alain Berset. Bâle présente ainsi pour la première fois un conseiller fédéral depuis la démission de Hans-Peter Tschudi fin 1973.
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À 12h12, Beat Jans, qui a suivi l'élection sur un écran dans une pièce voisine au rez-de-chaussée, fait son entrée dans la salle du Conseil national, récoltant une standing ovation de l'Assemblée fédérale réunie.
Il entame alors son discours au pupitre et déclare: «Ce moment me remplit de joie et de respect.» Il témoigne de sa gratitude dans les quatre langues nationales pour la confiance qui lui est accordée. Son objectif premier sera toujours le bien-être de son seul patron: «le peuple», s'exclame-t-il.
«Aujourd'hui est un grand jour!»
Beat Jans a aussi remercié et salué sa famille: sa femme Tracy et ses deux filles Mia (15 ans) et Zoe (18 ans). «Vous me regardez sur un écran...», lance-t-il. Mais la caméra s'oriente vers la tribune où sa femme et ses enfants ont entre-temps pris place. Ils lui font signe. Beat Jans rit de surprise et fait signe en retour, pour ce qui restera l'une des séquences émotion de ces élections.
Posé, l'homme enchaîne: «Je déclare par la présente accepter l'élection.» Il reçoit alors un bouquet de fleurs du président du conseil Eric Nussbaumer et s'adonne à une accolade fraternelle avec son concurrent Jon Pult, pour qui la course ne sera pas couronnée de succès.
Avant cela, les heures ont été longues. À 7h15 ce matin, le Bâlois fait son entrée en scène. Sous une pluie battante, il arrive avec sa femme Tracy au Palais fédéral. Et comme s'il avait pressenti ce qui allait arriver plus tard, Beat Jans, annonce la couleur: «Aujourd'hui est un grand jour!»
Eva Herzog dans un coin de la tête
À ce moment-là, il reste encore beaucoup à faire avant son élection. Bien qu'il soit favori, Beat Jans le sait depuis des semaines: chacun de ses mots est désormais pesé dans la balance. Rien n'est à prendre pour acquis.
Avec son expérience gouvernementale et son profil citadin, Jans est peut-être le choix le plus évident sur le papier. Mais le cas d'Eva Herzog, candidate malheureuse de l'année dernière, a appris la prudence à Beat Jans et son canton. Après la non-élection surprenante de la conseillère aux États de Bâle-Ville, on ne veut en aucun cas se réjouir trop vite cette fois-ci.
Les six conseillères et conseillers fédéraux en exercice ayant été réélus, vient maintenant le septième tour de scrutin décisif pour Beat Jans et Jon Pult. La sérénité du début de matinée fait place à une tension palpable chez le Bâlois. A-t-il choisi la bonne stratégie? N'a-t-il rien oublié d'important dans sa campagne? S'est-il associé aux bonnes personnes? Les jeux sont faits.
Surmonter les divergences avec les paysans grâce aux Läckerli
Les coalitions n'échouent pas à cause du contenu, elles échouent à cause des personnes. Ce principe est bien connu en politique. Si les acteurs décisifs ne se font pas confiance, aucune avancée n'est possible. C'est d'autant plus vrai que si l'alchimie est bonne, les divergences de vue peuvent être surmontées avec un peu de bonne volonté.
C'est exactement ce qui s'est passé entre Beat Jans et le lobby paysan, que le Bâlois s'était mis à dos lorsqu'il était au Conseil national. Celui-ci pensait que le Bâlois n'était pas éligible au poste de conseiller fédéral, il n'y a pas si longtemps.
Beat Jans a finalement pu regagner des points de sympathie lors de son audition face aux agriculteurs. Sa botte secrète? Une petite distribution de Läckerli, bien de chez lui. Ça marche à tous les coups et l'anecdote devrait faire date.
Un politicien confirmé
Depuis plus de deux décennies, Beat Jans est considéré comme une figure incontournable de la politique locale et nationale. Lors des élections au Conseil national de 2015 et 2019, il obtient à chaque fois le plus grand nombre de voix. En 2020, il parvient — en tant que nouveau venu - à entrer au gouvernement de Bâle-Ville au premier tour. Sa marque de fabrique: Enthousiasme, éloquence et proximité avec le peuple.
Fils d'une vendeuse et d'un serrurier spécialisé dans la construction métallique, il grandit à Riehen (BS) dans un immeuble d'habitation. Il suit un apprentissage d'agriculteur, se perfectionne en tant qu'agrotechnicien avant d'étudier les sciences naturelles de l'environnement à l'EPFZ
Jans lance sa carrière politique tardivement. Ce n'est qu'à 34 ans qu'il adhère au PS bâlois. Deux ans plus tard, il prend déjà la présidence du parti cantonal. Sous sa direction, le PS obtient un troisième siège au gouvernement. C'est l'actuelle conseillère aux États Eva Herzog, encore peu connue à l'époque à Bâle, qui est élue. Avec l'Alliance verte, la gauche obtient la majorité au sein de l'exécutif de sept membres — c'est le début de l'ère rouge-verte dans la ville rhénane qui dure depuis presque 16 ans.
Arrivé sur l'Olympe politique
Mais le Bâlois, habitué au succès, doit aussi essuyer des défaites. En 2015, par exemple, lorsque le PS élit Roger Nordmann à la présidence du groupe parlementaire à sa place, il ne se laisse pas abattre et trouve une nouvelle mission: il devient vice-président du PS Suisse un an plus tard seulement.
Beat Jans est président du gouvernement de Bâle-Ville depuis près de trois ans. Ce mercredi 13 décembre, il couronnera sa carrière politique par un siège sur l'Olympe politique du pays.