Ce mercredi 25 octobre, le Secrétaire d'Etat à la politique de sécurité Jean-Daniel Ruch a renoncé à son poste. Il y avait été nommé le 15 septembre dernier. Dans son communiqué, l'homme de 60 ans est resté très laconique pour expliquer son départ.
À Berne, il se murmure que Jean-Daniel Ruch était soumis à diverses pressions, de la part, notamment, de l'Union démocratique du centre (UDC). Cette dernière lui prête des liens avec le Hamas. C'est du moins la principale raison qui expliquerait ce départ surprise.
Mais selon les informations de Blick, la vie privée de Jean-Daniel Ruch est aussi en cause. La vie intime du Bernois lui aurait coûté cher, bien qu'aucun comportement fautif relevant du droit pénal ne lui ait été reproché.
En plus de son poste au sein du Département de la défense (DDPS) de Viola Amherd, l'intéressé perdra également son poste d'ambassadeur en Turquie à la fin de l'année. Il quittera le Département des affaires étrangères (DFAE) l'été prochain.
Un contrôle inefficace
La sentence est lourde. La Confédération met pourtant en place des contrôles de sécurité des personnes qu'elle emploie. Dans le cas de Jean-Daniel Ruch, ces procédures semblent avoir échoué. En tant qu'ambassadeur, le Bernois devait se soumettre à un tel contrôle tous les cinq ans, la dernière fois en juin 2019.
Il s'agissait alors d'un examen élargi, au cours duquel les hauts fonctionnaires de l'Etat sont aussi interrogés. Mais les contrôleurs n'ont pas remarqué que le mode de vie de Jean-Daniel Ruch pouvait le rendre vulnérable au chantage.
Or, c'est précisément ce que ces examens visent à éviter. Le contrôle, auquel environ 70'000 personnes doivent se soumettre chaque année, doit veiller à ce que seuls des collaborateurs intègres soient engagés par l'État. Les informations secrètes doivent rester secrètes. Les personnes susceptibles d'être corrompues ou vulnérables, en raison par exemple de leur vie sexuelle, doivent être écartées.
Les employés de la Confédération ne sont pas les seuls à être passés à la loupe. C'est aussi le cas des hauts fonctionnaires cantonaux qui ont des liens avec Berne, des membres de l'armée ou encore du personnel effectuant des contrôles dans les centrales nucléaires.
Trois niveaux
Il existe trois niveaux de contrôle. Le principe est simple: plus l'accès aux données est sensible, plus le contrôle de sécurité est étendu. En outre, plus une personne est élevée dans la hiérarchie fédérale, plus elle est passée au crible.
Le contrôle de sécurité de base constitue le premier niveau. Différentes bases de données sont consultées lors de celui-ci, l'extrait du casier judiciaire est vérifié et les tribunaux peuvent être sollicités pour des dossiers. Le contrôle est effectué auprès des employés fédéraux qui ont accès à des informations confidentielles ou qui souhaitent accéder à des zones militaires sécurisées ou interdites.
La deuxième étape est étendue. Ici, les données relatives aux poursuites et aux faillites sont également collectées. Les lieux de résidence des dix dernières années sont demandés. Il s'agit ainsi de s'assurer que les employés fédéraux ne sont pas endettés.
Le troisième niveau, le plus élevé, est le contrôle de sécurité personnel étendu avec interrogatoire pour les personnes qui ont un aperçu «régulier et étendu» de l'activité du gouvernement et qui l'influencent. Cela concerne surtout les fonctionnaires en chef. Ils sont examinés sous toutes les coutures lors de l'entretien personnel. Ils doivent même répondre aux questions les plus intimes sur ce qu'ils font sur l'oreiller.
Exception pour les cadres supérieurs
Le DDPS de Viola Amherd est en principe responsable de ces fameux contrôles de sécurité des personnes. Il y a toutefois une exception: pour les cadres supérieurs nommés par le Conseil fédéral. Dans ce cas, c'est la Chancellerie fédérale qui procède aux contrôles et Jean-Daniel Ruch fait partie de cette catégorie.
Malgré l'examen très poussé auquel il a dû se soumettre, aucune information problématique n'avait apparemment été repérée par la Chancellerie. Des voix s'élèvent désormais à Berne pour que l'ensemble du processus soit revu. Nombreux sont ceux sous la Coupole qui doutent désormais de l'efficacité des contrôles.