Aussi populaire à droite qu'à gauche
Les Suisses veulent Albert Rösti au Conseil fédéral

Selon un sondage réalisé par Blick, les Suisses verraient d'un bon oeil qu'Albert Rösti prenne la succession d'Ueli Maurer au Conseil fédéral. Son plus grand concurrent arrive loin derrière.
Publié: 16.10.2022 à 06:17 heures
Albert Rösti a les faveurs des Suisses pour succéder à Ueli Maurer au Conseil fédéral.
Photo: KEYSTONE
Camilla Alabor

C'est une situation inédite, du moins du point de vue de l'UDC. Pour la première fois depuis l'ascension du parti dans les années 90, un politicien issu de ses rangs pourrait devenir conseiller fédéral en ayant la cote à la fois auprès des siens mais aussi auprès des autres partis.

Le conseiller national Albert Rösti a toutes ses chances de succéder à Ueli Maurer au gouvernement national. Les parlementaires de tous les partis apprécient le Bernois. Il s'avère désormais que l'homme de 55 ans est également vu d'un bon œil par la population. C'est du moins le résultat d'un sondage réalisé par Blick en collaboration avec l'institut de recherche Sotomo.

Albert Rösti a la patate

A la question de savoir qui devrait succéder au ministre des Finances, Albert Rösti arrive en tête. Sur un panel de neuf candidats, l'ancien président de l'UDC obtient un score élevé de 40%. Il est donc le chouchou des proches du parti. Comme le montre une évaluation, près de la moitié des électeurs de l'UDC se prononcent en faveur du Bernois.

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Mais Albert Rösti est également bien accueilli par les sympathisants du PLR, du centre et des Verts. Même un tiers des électeurs du PS le verrait volontiers au Conseil fédéral.

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Selon Michael Hermann, directeur de Sotomo, ce résultat est remarquable. «Normalement, plus un candidat de l'UDC est populaire dans les autres partis, moins il est populaire auprès de sa propre base», assure-t-il.

Selon lui, ce constat a été une constante lors des élections de l'UDC au Conseil fédéral au cours des 30 dernières années, soit depuis l'époque où Christoph Blocher a résolument orienté le parti vers l'opposition.

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A cette époque, l'élection des conseillers fédéraux issus de l'UDC était toujours accompagnée de bruits de couloir: «Il s'agissait surtout de savoir si l'UDC avait droit à un deuxième siège au Conseil fédéral», explique Michael Hermann. Plus tard, le Parlement a été confronté à un autre dilemme: devait-il élire un candidat fidèle à la ligne du parti ou un candidat consensuel?»

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Avec l'élection de Samuel Schmid, la destitution de Christoph Blocher et l'élection de Guy Parmelin, le Conseil national s'est à chaque fois prononcé contre les candidats de la ligne dite «dure», ce qui a mis l'UDC en colère à de nombreuses reprises.

L'UDC à maturité?

«Si l'UDC présente effectivement Albert Rösti au gouvernement, cela pourrait signifier la fin de cette phase, poursuit le directeur de l'institut de sondage. Le parti aurait ainsi trouvé sa place dans la concordance». En d'autres termes, l'UDC arriverait à maturité.

L'autre favori, le conseiller aux Etats bernois Werner Salzmann, arrive en deuxième position, mais loin derrière, avec 9%. Cependant, 22% des personnes interrogées, pour la plupart issues du camp gauche-vert, souhaiteraient qu'il n'y ait pas de deuxième conseiller fédéral UDC, mais un représentant d'un autre parti au gouvernement national. Werner Salzmann est ainsi considéré comme fidèle à la ligne du parti, mais aussi comme peu charismatique.

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Seuls 2% des personnes interrogées se sont prononcées en faveur du ministre des Finances zougois Heinz Tännler, qui a annoncé officiellement sa candidature hier. Il convient de préciser que le sondage était déjà terminé à ce moment-là.

Dans son duel direct avec Werner Salzmann, Albert Rösti est clairement favori également. Il recueille trois fois plus de voix que son concurrent. Si l'on considère uniquement les électeurs de l'UDC, 66% voteraient pour Rösti et 28% pour Salzmann.

Des qualités humaines

Une des raisons pour lesquelles Albert Rösti est accepté aussi bien par la base de l'UDC que par le grand public est sans doute ses qualités humaines, suppose Michael Hermann. Bien que certains lui reprochent justement son besoin d'harmonie, Albert Rösti aime qu'on l'apprécie.

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Le sondage montre également les figures que les Suisses ne veulent en aucun cas voir au Conseil fédéral. Le chef du groupe parlementaire Thomas Aeschi, qui s'était déjà présenté sans succès en 2015, ne suscite guère de sympathie. 56% des personnes interrogées estiment que le Zougois, trop agressif, n'a pas sa place au Conseil fédéral.

Une part importante des personnes interrogées est aussi sceptique à l'égard de la saint-galloise Esther Friedli. La conseillère nationale a de toute manière annoncé qu'elle renonçait à se lancer dans la course.

Le conseiller national et banquier Thomas Matter, qui, comme Thomas Aeschi, est considéré comme discret et comme un partisan d'une ligne dure, est lui aussi mal perçu. Notons aussi que près de 30% des sondés ne souhaite pas non plus voir Werner Salzmann au Conseil fédéral.

Quid des femmes?

Les résultats du sondage montrent qu'une nette majorité de la population accorde plus d'importance à la capacité de consensus des candidats qu'à leur adéquation avec la ligne du parti. Il est également intéressant de jeter un coup d'œil sur l'électorat de l'UDC: les votes en faveur de l'aptitude au compromis (47%) et ceux en faveur de la fidélité à la ligne du parti (53%) s'équilibrent presque. Une politique d'opposition conséquente ne suscite donc pas que de l'enthousiasme dans les rangs du parti.

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Que pense la population de l'éventualité d'une candidature féminine? Estime-t-elle que l'UDC devrait nommer une femme au conseil fédéral? Environ deux tiers des participants au sondage répondent par l'affirmative. Même au sein de l'UDC, une minorité marquée de 40% se prononce en faveur de candidatures féminines, tandis que 44% des sondés n'y voient pas d'utilité.

Pour le moment, il ne semble pas que ce scénario devienne réalité puisque les candidates ayant de réelles chances ont toutes renoncé. Outre Esther Friedli, la conseillère d'Etat zurichoise Natalie Rickli et la conseillère nationale Magdalena Martullo-Blocher ont également renoncé. L'élection de la première conseillère fédérale UDC n'est ainsi pas d'actualité.

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