Année d'élections fédérales
5 grands enjeux de la politique suisse en 2023

Le retour de Pierre Maudet en politique, la présidence d'Alain Berset ou les débuts d'Elisabeth Baume-Schneider: l'année 2023 s'annonce intense, en plus des élections fédérales très attendues en octobre. Blick vous présente les principaux enjeux à suivre.
Publié: 06.01.2023 à 05:59 heures
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Dernière mise à jour: 06.01.2023 à 12:43 heures
Alain Berset, ici lors de son jour de fête à Morat le 15 décembre, sera très en vue en 2023. Au moins jusqu'aux élections fédérales d'octobre.
Photo: keystone-sda.ch
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Les répliques du choc sismique qu'a été l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, ressenties dans tout le Vieux Continent, n'ont pas épargné la Suisse en 2022. Au fil des mois, le spectre grandissant d'une pénurie d'énergie n'a fait qu'intensifier un constat que de nombreux Suisses avaient oublié: quand l'Europe vacille, notre pays tremble.

Ce n'était pas ainsi que le Conseil fédéral avait imaginé l'après-pandémie. Le gouvernement a bien senti le caractère troublé de la période, puisque c'est cette symbolique qui a inspiré la photo officielle 2023 du gouvernement, sur laquelle la ministre de la Défense, Viola Amherd, est la personnalité la plus en vue.

Que nous promet 2023? Des élections fédérales, évidemment, qui s'annoncent très indécises. Tandis que la gauche, et les Vert-e-s en particulier, veulent en faire les «élections du climat» — devenu la première priorité des Suisses —, l'UDC s'emploie déjà à ramener le débat sur le plan de la migration. Mais il y aura bien d'autres enjeux encore cette année: voici de quoi vous mettre en appétit!

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Une pause forcée

Une fois n’est pas coutume, commençons par ce qui ne va pas se passer en 2023. C’est assez rare pour être signalé: les Suisses ne seront pas convoqués aux urnes durant plus de huit mois au niveau fédéral. Ni le 27 novembre 2022, ni le 12 mars 2023, pourtant deux dates retenues dans le calendrier établi par la Confédération, qui prévoit les scrutins fédéraux jusqu’en… 2042.

Ce ne sont pourtant pas les objets qui manquent, puisqu’il y a pléthore d’initiatives et de référendums en cours de collecte de signatures ou qui viennent d’être déposés à la Chancellerie. Le problème, c’est qu’aucun acte de la Confédération n’est prêt à être soumis au peuple suisse.

Rendez-vous donc le 18 juin 2023, près de neuf mois après le scrutin sur l’AVS. Et d’ici là, les Suisses seront toujours appelés aux urnes aux autres niveaux. Des élections cantonales sont d’ailleurs prévues à Genève en avril, avec un certain Pierre Maudet en tête d’affiche. Chaud devant!

Pierre Maudet réussira-t-il son grand retour en politique?
Photo: Keystone
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Des débuts agités

C’était l’un des moments forts de 2022: après des années de stabilité, le Conseil fédéral a connu deux démissions coup sur coup. Désormais en poste, Elisabeth Baume-Schneider et Albert Rösti vont être plongés directement dans le grand bain. Les deux nouveaux ministres, de pôles opposés, ont été élus à la tête de départements où ils risquent fort d’être dans le viseur de l’autre camp.

Ainsi, la première conseillère fédérale jurassienne se retrouve cheffe du DFJP à un moment où la pression migratoire atteint des sommets. Rajoutez à cela une année d’élections fédérales et vous obtiendrez un cocktail extrêmement tentant pour l’UDC. La preuve? Elisabeth Baume-Schneider n’était pas encore en poste que le premier parti du pays lui adressait déjà un catalogue de revendications. Voilà qui promet.

À l’inverse, Albert Rösti, longtemps lobbyiste pétrolier, est le nouveau ministre de l’Environnement. Sa nomination à la tête du DETEC a provoqué un tollé chez les défenseurs du climat, au point que le président des Vert-e-s, Balthasar Glättli, a promis de mettre en place un «Rösti-Watchblog» pour surveiller les agissements du Bernois.

L’un des premiers enseignements devrait avoir lieu… le 18 juin, date à laquelle devrait être fixé le vote sur le contre-projet indirect sur l’initiative «glaciers». Albert Rösti réussira-t-il à faire une campagne convaincante contre son propre camp?

Pas de tour de chauffe pour les petits nouveaux.
Photo: Keystone
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Un grand rendez-vous

C’est le gros morceau de cette année: le 22 octobre 2023, la Suisse renouvelle son Parlement, comme chaque quatre ans. Mais vous le savez sans doute, si vous avez lu jusqu’ici. Saviez-vous que les élections fédérales ne commencent pas vraiment en octobre? Le premier siège sera attribué le 30 avril, date à laquelle sera élu le représentant d’Appenzell Rhodes-Intérieures au Conseil des États. Pourquoi ne pas se rendre sur la pittoresque place prévue à cet effet et vivre ce moment d’exotisme helvétique?

Pour le reste, tout se jouera donc en octobre, dans des élections fédérales qui s’annoncent aussi disputées qu’imprévisibles. À 290 jours du scrutin, il paraît bien audacieux de faire tout pronostic: même si le PLR et les Vert’libéraux semblent les mieux placés pour progresser, selon les sondages réalisés un an avant la date fatidique, toutes les évolutions par rapport à 2019 sont dans la marge d’erreur. De quoi inciter à la prudence.

Avec des Vert-e-s qui n’ont pas vraiment capitalisé sur leur grosse progression d’il y a quatre ans et des socialistes défaits sur l’AVS, assisterons-nous à un nouveau «Rechtrutsch» (glissement à droite), mot-clé alémanique qui avait qualifié les élections fédérales de 2015? Ce qui est certain, c’est que la Suisse va très vite se mettre en mode «année d’élection», et les premiers effets du phénomène devraient être perceptibles dès la session de printemps des Chambres fédérales, du 27 février au 17 mars.

La démocratie directe en exercice est toujours impressionnante.
Photo: Keystone
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Un retour à la présidence

Partira, partira pas? L’accession, pour la deuxième fois après 2018, du Fribourgeois à la présidence de la Confédération a fait les gros titres davantage pour ses plans de carrière que pour son modeste score électoral.

Car avec l’arrivée d’Elisabeth Baume-Schneider, les Alémaniques se trouvent minoritaires (trois sièges sur sept). Certains y voient une opportunité pour pousser Alain Berset vers la sortie après douze ans au gouvernement. Mais l’homme en a vu d’autres, à commencer par une pandémie: à certains qui lui reprochent cette longévité au Conseil fédéral, il rétorque habilement qu’il est toujours le plus jeune en âge.

Et il l’a confié en primeur à Blick: il est loin d’avoir fini son travail au gouvernement. Voilà qui lui permet d’être tranquille sur ce sujet en tout cas jusqu’à la fin de son année présidentielle. Pour le reste, les résultats des élections fédérales devraient largement rebrasser les cartes en vue de la composition du gouvernement. Le score des Vert-e-s et des Vert’libéraux, en particulier, va conditionner l’intensité de leur retour à la charge pour un siège au Conseil fédéral.

Très en vue pendant la pandémie, Alain Berset est de retour dans le faisceau des projecteurs.
Photo: Keystone
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Un tournant à l'étranger?

Ignazio Cassis a perdu une casquette avec la fin de son mandat de président de la Confédération, mais il lui reste celle de ministre des Affaires étrangères. Voilà qui va lui valoir un exercice 2023 chargé: la Suisse siège pour la première fois au Conseil de sécurité de l’ONU.

«C’est un exercice périlleux pour un pays peu porté sur l’exposition diplomatique», résume «Le Monde» en ce début janvier. Le fait que Pascale Baeriswyl, ambassadrice de la Suisse auprès de l’ONU à New York, s’asseye autour de la fameuse table en fer à cheval du Conseil de sécurité ne plaît pas à tout le monde, surtout pas à l’UDC.

En fonction des décisions à prendre, la Suisse pourrait être particulièrement exposée et voir son concept de la neutralité, qui vaut au Conseil fédéral de faire des exercices d’équilibriste pour ne pas trop avoir à se pencher sur cette question, ressurgir dans les discussions.

Un oeil à New York, donc, mais le principal dossier de politique étrangère suisse reste les rapports avec l’Union européenne. Ces derniers mois, Ignazio Cassis a eu un ton inhabituellement rassurant, signe qu’il y a peut-être une ouverture dans une relation plutôt glaciale depuis la fin des négociations sur l’accord-cadre.

2023 pourrait être le millésime de l’apaisement, mais l’Union européenne a bien d’autres soucis à régler que ses relations avec la Suisse. À suivre…

L'ambassadrice auprès des Nations unies Pascale Baeriswyl en action, ce 5 janvier.
Photo: Keystone
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