L'aversion du parti conservateur n'est pas nouvelle. Au fil des années, Christoph Blocher n'a cessé de dire tout le mal qu'il pensait de la candidature de Berne. Au Parlement, le groupe a déposé plusieurs motions exigeant son retrait. Toutes ont échoué. L'élection approchant - elle est prévue pour le 9 juin -, l'UDC remet l'ouvrage sur le métier. Elle est cependant bien isolée.
Disposant de suffisamment de députés, le parti a pu imposer une session extraordinaire sur le sujet. Premier déboire: le bureau du National a classé le débat en catégorie IV, soit la moins importante après la procédure tacite. Le plénum a validé ce choix mercredi. Il a refusé par 100 voix contre 73 de lui offrir plus de place.
Seul Roger Köpel (UDC/ZH) a ainsi pu prendre la parole lors du débat. «Une entrée au Conseil de sécurité torpillerait la neutralité suisse. C'est un risque non calculé pour notre pays.» La neutralité implique de rester en retrait de tout conflit armé ou économique, a-t-il lancé, critiquant les récentes sanctions prises à l'encontre de la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.
«La neutralité est utile pour le monde», a poursuivi le Zurichois. «Un terrain neutre est nécessaire pour permettre aux parties d'un conflit de se parler sans armes. La Suisse peut proposer de tels bons offices.» Et Roger Köppel de plaider pour respecter la neutralité armée, inscrite dans la Constitution.
La neutralité et les bons offices ne sont aucunement mis en péril par une candidature au Conseil de sécurité, a opposé le président de la Confédération Ignazio Cassis. Des pays ont pu jouer un rôle médiateur par le passé, alors qu'ils siégeaient au sein de cet organe. La Suède s'est ainsi engagée dans la guerre au Yémen, et l'Allemagne dans le conflit libyen.
«Une candidature est dans l'intérêt de la Suisse autant que dans celui du monde», a plaidé le Tessinois. «Etat neutre à l'écoute des minorités, nous sommes toujours à la recherche de compromis. Nous avons beaucoup de compétences à mettre à disposition de la communauté internationale.»
Dans un monde en constante évolution, la Suisse ne peut résoudre seule tous les problèmes internationaux complexes, a continué le ministre des affaires étrangères. «Il est important que nous nous engagions dans les enceintes multinationales là où ça compte. Comme le dit un proverbe: les absents ont toujours tort. Il faut s'attabler pour pouvoir participer.»
Après son intervention, Ignazio Cassis a essuyé une salve de questions issues des rangs UDC. Il a notamment tenté d'apaiser leurs craintes concernant la reprise des sanctions. «Il n'existe pas d'automatisme. Elles sont étudiées au cas par cas.»
La Suisse, qui fête cette année ses 20 ans d'adhésion à l'ONU, a toutes ses chances d'intégrer le Conseil de sécurité en 2023 pour deux ans. Elle est la seule candidate avec Malte pour les deux sièges attribués à l'Europe de l'Ouest.
(ATS)