«Nous avons 22 pays maintenant avec 41 restrictions ou interdictions d'exportation de nourriture», a détaillé Ngozi Okonjo-Iweala lors d'un point presse durant la réunion du Forum économique mondial à Davos.
L'un des derniers pays à avoir pris ce type de mesures est l'Inde, qui vient d'annoncer un plafonnement de ses exportations de sucre à partir du 1er juin, après déjà une interdiction de celles de blé.
«Nous avons 164 membres, donc ce n'est pas encore le moment de paniquer», a poursuivi Ngozi Okonjo-Iweala, mais «nous essayons de ne pas aller plus loin».
«Limitons ça, parce que nous ne voulons pas que ça s'exacerbe et conduise à des hausses de prix», a-t-elle dit, rappelant aussi que les règles de l'OMC autorisaient ce type de mesure «pour des raisons de sécurité», mais à condition qu'elles soient «temporaires, transparentes et proportionnées».
La guerre en Ukraine a renforcé les inquiétudes pour la sécurité alimentaire mondiale car les ports du pays sur la mer Noire sont bloqués, empêchant l'Ukraine, qui fait partie des greniers à céréales du monde, d'exporter sa production.
«Nous sommes très inquiets de la situation avec les grains en Ukraine», a commenté mercredi la secrétaire générale de l'OMC. «Nous avons besoin de corridors sûrs sur la mer Noire. La récolte, c'est le mois prochain.»
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déjà dit lundi, lors de l'ouverture de la réunion de Davos, avoir parlé à l'Union européenne, au Royaume-Uni, à la Turquie et à des responsables de l'ONU pour tenter d'établir un «corridor qui nous permettrait des exportations de notre blé, notre tournesol, et d'autres grains».
«Le secrétaire général de l'Onu est impliqué», a précisé mercredi Ngozi Okonjo-Iweala.
«Il a formé un groupe de crise» qui «regarde cette question de la création de corridors sûrs, et regarde des moyens alternatifs pour évacuer le grain ukrainien», a-t-elle ajouté.
«Il va y avoir une pression énorme pour que ça se fasse», estime Clarisse Magnin-Mallez du cabinet McKinsey.
Pour elle, il n'y a «pas d'option hormis le transport par la mer», du fait des «volumes massifs» qui rendraient les routes terrestres trop compliquées. Et sortir par le port d'Odessa est le choix évident.
(ATS)