Devant la presse, le Touring Club Suisse (TCS) a rappelé que le peuple suisse s'est largement opposé en 2001 à une limitation générale à 30 km/h dans les localités. Sondage à l'appui, l'organisation, avec le soutien de l'USAM, de la Litra et des sapeurs-pompiers suisses, ont relevé que cette position n'a pas changé depuis.
Ainsi, 68% des sondés disent non aujourd'hui à une telle restriction générale, révèle cette étude réalisée en décembre par l'institut Link auprès de 1163 personnes. De même, une majorité (55%) rejette la règle des 30 km/h la nuit, telle qu'introduite en septembre dernier à Lausanne.
La solution différenciée préconisée par le TCS est en revanche plébiscitée par près des trois quarts (73%) des personnes interrogées. Elle consiste à réserver le 30 km/h (voire le 20 km/h) aux routes d'«intérêt local», comme les quartiers d'habitation. Ailleurs, sur les principaux axes, doit prévaloir la limitation à 50 km/h. C'est d'ailleurs la règle générale actuellement en Suisse, mais les organisations concernées s'inquiètent des velléités de certaines villes pour un abaissement sur tout leur territoire.
Une limitation qui réduit l'attrait pour les transports publics
«Il est primordial de respecter la hiérarchie au sein du réseau routier», a plaidé le président central du TCS Peter Goetschi. Une différenciation de la vitesse «est garante d'une bonne cohabitation entre les divers modes de transport», y compris les vélos électriques, «qui seraient fortement prétérités par le tout-30 km/h».
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Aux yeux du Service d'information pour les transports publics (Litra), une limite générale à 30 km/h rendrait les transports en commun moins attractifs. Une étude des Transports publics zurichois a en outre chiffré à 20 millions de francs par an les dépenses supplémentaires, en termes de personnel et de matériel roulant, qu'engendreraient les réductions généralisées de vitesse, a dit le président de la Litra, le conseiller national grison Martin Candinas (Le Centre).
La Fédération suisse des sapeurs-pompiers (FSSP) redoute pour sa part un ralentissement des secours. «Un sapeur-pompier est sujet aux limitations quand il se rend à la caserne avec son véhicule privé. En plus, toutes les interventions ne se font pas avec les feux bleus et la sirène, qui seuls permettent de déroger aux limitations», a relevé le directeur de la FSSP Martin Widmer.
L'Union suisse des arts et métiers (USAM) craint une «détérioration des conditions d'approvisionnement des commerces locaux», comme l'a exprimé son président, le conseiller national tessinois Fabio Regazzi (Le Centre). De nouvelles contraintes risqueraient de repousser davantage encore les petits commerces hors des centres-villes.
Les problèmes de santé liés au bruit coûtent cher
Le sondage auprès de la population fait apparaître cependant un bémol par rapport à la position des organisations. Près de six personnes interrogées sur dix (59%), des femmes surtout, estiment qu'il n'y a actuellement pas assez de «zones 30» dans les villes. D'une façon générale, le sondage ne fait pas apparaître de clivage ville-campagne.
Réagissant à cette mobilisation, la Ligue suisse contre le bruit ont estimé dans un communiqué que le TCS et ses alliés font fausse route. Plus d'un million de personnes en Suisse souffrent du bruit, ce qui entraîne des coûts très importants en termes de santé notamment. Pour y remédier, le 30 km/h s'impose, a-t-elle argué.
Ces prises de position interviennent alors que le Conseil fédéral a lancé en consultation une modification d'ordonnance visant à simplifier la mise en place de routes à 30 km/h et de zones de rencontre dans les agglomérations. Mardi, le TCS a réservé sa position sur ce sujet précis.
(ATS)