Les trois hommes discuteront du récent accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes mais aussi «du besoin d'une solution politique à ce conflit», a précisé le porte-parole de l'ONU Stephane Dujarric. «Je n'ai aucun doute (sur le fait) que la question de la centrale nucléaire (de Zaporijjia) et d'autres seront également abordées».
Dans sa traditionnelle déclaration du soir, M. Zelensky a indiqué mercredi que M. Guterres était «déjà arrivé en Ukraine. Nous travaillerons ensemble pour parvenir aux résultats nécessaires pour l'Ukraine».
Le secrétaire général doit également s'entretenir en bilatéral avec M. Zelensky. Il a ensuite prévu de se rendre vendredi à Odessa, un des trois ports utilisés dans le cadre de l'accord d'exportation de céréales, avant de se rendre en Turquie pour visiter le Centre de coordination conjointe (CCC) chargé de superviser cet accord.
Autorisés à prendre la mer
Selon les Nations Unies, entre le 1er et le 15 août, 21 vraquiers ont été autorisés à prendre la mer. Ils transportaient au total 563'317 tonnes de matières premières agricoles, dont 451'481 tonnes de maïs. Mais le premier navire humanitaire affrété par l'ONU, chargé de 23'000 tonnes de blé, a quitté l'Ukraine seulement mardi en direction de l'Ethiopie dans le cadre de cet accord conclu en juillet sous l'égide de l'ONU et grâce à une médiation turque.
L'Ukraine et la Russie comptent parmi les plus gros exportateurs mondiaux de céréales, qui connaissent une flambée des cours depuis l'invasion russe le 24 février. Selon le Programme alimentaire mondial, un nombre record de 345 millions de personnes dans 82 pays sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, tandis que jusqu'à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de sombrer dans la famine sans aide humanitaire.
Mobilisation tous azimuts
Le président ukrainien a poursuivi sa mobilisation tous azimuts sur le front diplomatique. «La diplomatie dans l'intérêt de notre pays a été très active ces derniers jours», a relevé Volodymyr Zelensky mercredi soir, rapportant la tenue d'une cérémonie dans la journée pour accueillir les nouveaux ambassadeurs d'Espagne, de Belgique, du Kirghizstan et de Roumanie.
«Cinquante-cinq missions diplomatiques ont déjà repris leur travail», a-t-il souligné. Il cherche à obtenir de l'aide financière et matérielle pour son pays et plaide aussi pour des sanctions plus sévères envers Moscou.
«Sept morts et dix-sept blessés»
Sur le terrain, les combats se poursuivent et font de nouvelles victimes civiles comme à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, où selon les autorités du pays un missile a touché mercredi un immeuble résidentiel de trois étages pendant un bombardement russe provoquant «un puissant incendie». «A ce stade, il y a sept morts et dix-sept blessés», a indiqué Igor Terekhov, maire de Kharkiv, revoyant à la hausse le précédent bilan de six morts et seize blessés. Volodymyr Zelensky avait dénoncé plus tôt une «attaque ignoble et cynique».
Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, Kharkiv est régulièrement pilonnée par l'armée russe mais elle n'a jamais réussi à s'en emparer. Des centaines de civils ont été tués dans cette région, selon les autorités.
«Du jamais vu»
La situation restait tendue autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, occupée depuis début mars par l'armée russe et visée par des bombardements répétés. Moscou et Kiev se sont accusés mutuellement de ces bombardements. Des frappes ont atterri une fois près d'un bâtiment de stockage radioactif et, une autre fois, ont provoqué l'arrêt automatique d'un réacteur. L'Ukraine doit se préparer à «tous les scénarios», a averti mercredi le ministre ukrainien de l'Intérieur.
«Personne ne pouvait prévoir que les troupes russes allaient tirer sur des réacteurs nucléaires à l'aide de chars. C'était du jamais vu», a accusé Denys Monastyrsky lors d'un déplacement à Zaporijjia, ville située à une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau de cette installation.
«Nous devons nous préparer à tous les scénarios possibles», a-t-il prévenu, accusant la Russie d'être un «Etat terroriste (...) Tant que la Russie contrôle la centrale nucléaire de Zaporijjia, il y a de gros risques». Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a jugé mercredi «urgent» qu'une «inspection» de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ait lieu à la centrale.
(ATS)