Depuis le oui clair et net à la loi Covid le 28 novembre dernier, on observe certains signes de divergence dans le camp des opposants aux mesures. On ne voit plus de grandes manifestations réunissant parfois plusieurs milliers de personnes comme ce fut le cas avant le scrutin. Il faut dire que les coronasceptiques proviennent d'horizons différents.
Un opposant aux mesures froisse ses partisans
Ce qui les unissait était en premier lieu leur opposition aux mesures prises par la confédération. Mais les suites à donner à la votation populaire sur la loi Covid suscite des désaccords. L'exemple de Daniel Stricker, l'un des plus fervent opposant aux mesures, en est la preuve. Celui-ci est entré récemment aux Etats-Unis, une destination réservée presque exclusivement aux personnes vaccinées et guéries. L'illustration d'une certaine fragmentation du mouvement?
Alors que les partisans de Daniel Stricker sont convaincus que ce blogueur vidéo a réussi à trouver une faille ou à présenter de faux documents aux autorités américaines, d'autres réagissent avec irritation et déception. L'idée que l'une des têtes pensantes des critiques envers les mesures sanitaires pourrait elle-même avoir cédé devant le système qu'elle dénonce provoque un large malaise.
Division au mouvement «Mass-Voll»
Les opposants aux mesures du mouvement «Mass-Voll» ont récemment vécu une division similaire. Une nouvelle association appelée Taraxxa s'est détachée du mouvement principal. «Une grande partie de notre équipe ne poursuivra pas la voie politique, mais s'engagera dans une voie plus sociale», a fait savoir la nouvelle organisation.
Le coprésident Nicolas Rimoldi, qui est aussi la figure de proue incontestée de Mass-Voll, a tenté de faire passer cette évolution pour quelque chose de tout à fait normal. «Après deux campagnes de votation qui ont demandé beaucoup d'énergie, des changements étaient prévisibles», a-t-il déclaré dans Blick. Bien qu'il n'y ait pas eu de coups bas, comme le soulignent toutes les personnes impliquées, il semble évident que les désaccords sur les étapes à suivre après l'échec des urnes sont nombreux.
Même le mouvement de défense des libertés «Freiheitstrychler», que l'on pouvait difficilement ignorer en Suisse alémanique lors de la campagne de votation, s'est fait un peu plus discret ces derniers temps. Ces opposants apparaissent désormais principalement lors de petites manifestations régionales et locales. Avec l'absence de grandes manifestations nationales, leur terrain d'expression semble également s'être considérablement réduit.
Les policiers anti-mesures ne sont plus sur le web
Le groupe de policiers et de procureurs anti-mesures «Nous pour vous» semble aussi avoir complètement disparu de la scène. Plusieurs têtes dirigeantes de ce groupe, qui s'est d'abord présenté de manière anonyme, ont toutefois osé se manifester publiquement après leur licenciement il y a un mois.
Il semble qu'il n'y ait pas eu d'afflux de nouveaux soutiens. Il est toutefois difficile d'en apporter la preuve, car l'anonymat qui prévaut ne permet pas de déterminer la taille effective de «Nous pour vous» et de ses sympathisants, tant le mouvement se fait discret.
Le groupe qui a qualifié à plusieurs reprises d'«anticonstitutionnelles» les mesures en vigueur s'est tu, du moins pour le moment. En effet, selon les informations de Blick, leur site internet n'est plus accessible depuis plusieurs jours.
Ménage chez «Les amis de la constitution»
Il y a également du mouvement au sein du groupe des «Amis de la Constitution». Le porte-parole et membre du comité directeur Michael Bubendorf a donné sa démission en octobre 2021, rapporte l'Aargauer Zeitung. L'association salue cette décision et écrit dans un communiqué: «Les apparitions publiques que Michael Bubendorf a faites depuis début octobre représentent son opinion privée et non celle de l'association. Nous nous en distançons.»
Michael Bubendorf avait notamment fait parler de lui à l'été 2021, en tant qu'invité de l'émission «Club», très célèbre en Suisse alémanique, de la SRF. Il y avait alors fortement critiqué les mesures en place en usant d'un ton volontairement provocateur. Même si l'infectiologue bâlois Manuel Battegay et le directeur bernois de la santé Pierre-Alain Schnegg avaient tenté de réfuter ses déclarations, il avait ainsi tout de même obtenu une plate-forme de la part de la SRF. Tout cela a été critiqué a posteriori, notamment sur Twitter. Vingt-sept plaintes avaient alors été déposées auprès de l'organe de médiation.
(Adaptation par Thibault Gilgen)