Sans critiquer Poutine
Le pape sonne la mobilisation face à «l'urgence migratoire»

Le pape François a appelé samedi à Malte à une réponse massive de la communauté internationale face à l'aggravation de «l'urgence migratoire» avec la guerre en Ukraine. Il a dénoncé sans le nommer explicitement les intérêts nationalistes du président Poutine.
Publié: 02.04.2022 à 16:36 heures
En visite à Malte, le pape François a appelé à davantage de solidarité envers les réfugiés de la guerre d'Ukraine.
Photo: Andrew Medichini

Le souverain pontife, qui s'exprimait peu après son arrivée à La Valette devant le président George Vella et le corps diplomatique, a déploré que «de l'est de l'Europe, de l'Orient où la lumière se lève en premier, soient venues les ténèbres de la guerre».

«Quelque puissant, tristement enfermé dans ses prétentions anachroniques d'intérêts nationalistes, provoque et fomente des conflits», a-t-il ajouté dans une allusion univoque au président russe Vladimir Poutine. Il a également dénoncé «les séductions de l'autocratie» et «les nouveaux impérialismes» qui font peser sur le monde la menace d'une «Guerre froide étendue qui pourrait étouffer la vie de peuples et de générations».

Face à ce conflit qui a jeté sur les routes de l'exil plus de 4,1 millions d'Ukrainiens, il a appelé à «des réponses globales et partagées» pour répondre à l'afflux de personnes fuyant leur pays, du sud vers le nord ou de l'est vers l'ouest.

La problématique Malte

«Il n'est pas possible que certains pays prennent en charge l'ensemble du problème dans l'indifférence des autres !», a lancé le pape. Une critique claire de la politique migratoire de Malte, régulièrement accusée par les ONG secourant les migrants qui traversent la Méditerranée pour gagner l'Europe de fermer ses ports à leurs navires-ambulance.

François, 85 ans, devait rejoindre dans l'après-midi Gozo, l'une des trois îles habitées, pour présider une prière au sanctuaire national de Ta'Pinu.

Après Jean Paul II en 1990 et 2001 et Benoît XVI en 2010, François est le troisième pape à visiter Malte. A la veille de sa visite, il s'est présenté en «pèlerin» marchant dans les pas de Saint Paul, patron de l'île.

Si le catholicisme est toujours inscrit dans la Constitution maltaise, la religion a subi ces dernières années un net recul et le pape devrait encourager l'évangélisation dans un contexte de baisse des vocations. Dans son discours, le pape a par ailleurs opposé les vertus de «l'honnêteté, la justice, le sens du devoir et la transparence» à «l'illégalité et à la corruption» qui ternissent la réputation de Malte.

Un état corrompu

Le petit Etat, membre de l'Union européenne, assoit en effet une partie de sa prospérité économique sur le secteur des jeux de hasard en ligne, les sociétés offshore et les fameux «passeports dorés» qui offrent la résidence ou la nationalité à de riches investisseurs dont l'origine de la fortune est parfois douteuse.

L'assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia en 2017, qui a choqué le pays et le monde, a ravivé les accusations de laxisme autour de ce fléau.

Ce voyage, son 36e à l'étranger depuis son élection en 2013, est l'occasion pour le jésuite de retrouver sa traditionnelle «Papamobile» pour saluer les fidèles massés le long de son parcours dans les rues de la capitale.

Dimanche, le chef des 1,3 milliard de catholiques se recueillera dans la grotte de Saint Paul - patron de l'île qui y fit naufrage en l'an 60, selon la tradition chrétienne - puis célèbrera la messe et l'Angelus à Floriana, près de La Valette, où quelque 10'000 fidèles sont attendus. Il rencontrera aussi des migrants dans un centre d'accueil à Hal Far.

(ATS)

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