Restructuration de la section approvisionnement économique
Département de l'économie cherche personnel compétent

Cet hiver, la Suisse risque de manquer de gaz. Et il se trouve que notre délégué à l'approvisionnement du Département de l'économie compte se retirer précisément à ce moment. Coïncidence? Non, restructuration.
Publié: 03.07.2022 à 13:10 heures
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Dernière mise à jour: 03.07.2022 à 17:22 heures
«Il est de notre devoir de préparer le peuple à l'éventualité d'une pénurie». Le chef de l'économie Guy Parmelin lors de la conférence de presse de la Confédération, mercredi à Berne.
Photo: keystone-sda.ch
Peter Aeschlimann

Dans le pire des scénarios, il risque de faire un peu nuit et froid cet hiver. À cause de la guerre en Ukraine, nous pourrions manquer de gaz et d'électricité. Le Conseil fédéral a mis en garde contre une telle situation de pénurie, face aux médias mercredi à Berne. Et, comme toujours lorsque la situation est grave, il l'a fait avec beaucoup de pathos. «Tout le monde doit désormais tirer à la même corde», a déclaré Guy Parmelin.

Le message du chef du Département de l'économie (DEFR) était aussi le suivant: il n'est pas encore trop tard, nous pouvons encore redresser la barre. Mais si nous n'y parvenons pas, le port d'un pull plus épais et la réduction du temps passé sous la douche pourraient bientôt ne plus suffire à garantir le chauffage et l'électricité pour tous.

Dans le pire scénario, les escaliers roulants seraient par exemple interdits, et des black-out de plusieurs heures pourraient survenir. La responsabilité du déclenchement de ces mesures incomberait alors à un homme dont très peu de Suisses avaient entendu parler jusqu'au Covid: le délégué à l'approvisionnement économique du pays.

L'importance de cette section réévaluée

Pour l'instant, cet personne s'appelle Werner Meier, un milicien travaillant à 40%. Mais l'homme de 66 ans quittera son poste fin novembre, quatre mois plus tôt que prévu, mais aussi 20 mois après son départ officiel à la retraite. Le poste est mis au concours depuis deux semaines. L'annonce précise: «Dans le cadre des mesures de réorganisation en cours, le Conseil fédéral a opté pour une solution à plein temps et à durée indéterminée.»

Bien sûr, cela a aussi un rapport avec le Covid, qui a vu arriver avec lui la pénurie de masques et de vaccins. Les expériences faites lors de la pandémie ont permis au Département de l'économie de se rendre compte «que la pratique actuelle n'était pas suffisante pour assurer la direction de l'approvisionnement économique du pays, même en temps normal», comme le précise un communiqué.

Le personnel de cet office fédéral, qui n'a fait que se réduire depuis la fin de la guerre froide, sera donc à nouveau étoffé. Et le poste secondaire qu'occupait Werner Meier deviendra un travail à plein temps.

L'expérience est de mise

Les crises sont l'affaire du chef, comme le disent tous les manuels de management. En cas de tempête, l'expérience est de mise. «Une crise est le pire moment possible pour résoudre des problèmes structurels», explique la conseillère politique Bettina Mutter. Celui qui pense de manière proactive s'attaque plus tôt aux problèmes structurels.

Le fait que l'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays (OFAE) fasse l'objet d'une importante réorganisation à ce moment précis suscite néanmoins des critiques au Palais fédéral. «Le moment est irritant», déclare la politicienne Gabriela Suter.

Pour la conseillère nationale socialiste argovienne, le changement arrive bien trop tard. Selon elle, la Suisse doit être mieux préparée à toutes sortes de situations de pénurie. «On a tout simplement laissé passer cela», affirme-t-elle, et cela ne donne pas une bonne image au Département de l'économie.

Au Département concerné, on n'accepte pas la critique. «Il n'y a pas de bon moment pour une réorganisation», déclare la porte-parole Evelyn Kobelt. Personne n'aurait pu anticiper que la crise du Covid serait suivie d'une crise du gaz: «Ce n'est pas nous qui avons déclenché la guerre en Ukraine.» La transformation est urgente, car l'approvisionnement économique du pays a été organisé jusqu'à présent comme un «office du beau temps», explique Evelyn Kobelt. «Au cours des trois dernières décennies, l'Office de l'approvisionnement est presque tombé dans l'oubli, car on n'en avait tout simplement pas grand besoin», en temps de paix et d'opulence...

Tout le monde doit tirer à la même corde

Christian Imark, vice-président de la commission de l'énergie du Conseil national, prend la défense de son collègue de parti Guy Parmelin. «Il est clair qu'un changement de leader en temps de crise n'est pas optimal», déclare le conseiller national soleurois. Mais, selon lui, ce n'est pas la faute du conseiller fédéral vaudois: «C'est la politique énergétique de gauche qui ne résiste pas à la crise.»

Ces querelles de partis agacent le directeur de Swissmem, Stefan Brupbacher (PLR). L'ancien secrétaire général du Département de l'économie (2014-2018) déclare: «Se refiler la patate chaude ne sert à rien!» Il s'agit maintenant d'éviter des dommages de grande ampleur en commençant par tous économiser le gaz, et aussi l'électricité. Stefan Brupbacher estime qu'il est indispensable que l'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays soit restructuré: «Jusqu'à présent, cet office était ancré dans l'ancien monde.»

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