Palexpo a perdu son Salon de l'auto, les milieux économiques crient à la perte d'attractivité du canton et craignent un exode des entreprises et, désormais, une nouvelle association pointe du doigt la torpeur culturelle de la ville: est-ce qu'on ne s'ennuie pas un peu, au bout du lac? Oui, répond «Projet Genève». Un groupe de jeunes politiciens et entrepreneurs qui s'est donné comme défi de (ré)ambiancer la Cité de Calvin.
«L’animation occupe un rôle primordial pour l’attractivité du canton. On le voit avec Palexpo, et la disparition du Salon de l’auto. Il y a un manque à combler. Genève doit cesser d’être une ville où on s’ennuie», avance Darius Azarpey, vice-président du PLR Genève et l'un des deux principaux instigateurs du projet.
Et le politicien d'ajouter: «Le fait que les restaurateurs et cafetiers doivent, par exemple, fermer leurs terrasses à minuit est le résultat des politiques menées ces dix dernières années. À Genève, nous n’avons pas vraiment de zones qui peuvent se permettre d'avoir une vie nocturne animée sans déranger les riverains. Nous devons créer ces zones, de concert avec le Canton.»
À ses côtés dans le comité central, Bryan Lo Giudice, également vice-président du PLR genevois, Yves Menoud, représentant de la Nouvelle organisation des entrepreneurs, et Jean-Marc Humberset, représentant de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève. Parallèlement, un comité politique, présidé par le socialiste Youniss Mussa, réunira un politicien ou une politicienne de chaque parti.
Un projet rassembleur
«L’objectif est d’avoir une faitière qui soit la référence dans le domaine de l’animation, et ça passe par le fait d’être un interlocuteur crédible et légitime aux yeux des acteurs économiques, comme des politiques, explique Bryan Lo Giudice. Pour cela, nous avons fait appel à un spectre très large de personnalités. Tous les partis politiques genevois sont représentés.»
Et comment comptent-ils s'y prendre, concrètement? «Pour commencer, nous voulons organiser trois tables rondes, avec des acteurs du secteur économique, de l’événementiel, et du tourisme.» Autrement dit, prendre la température. Avant de proposer des projets.
Où est le Département de la culture?
Dans son communiqué, Projet Genève constate que «depuis plusieurs années, Genève perd de son éclat (...). De plus en plus de commerçants, d’entrepreneurs, d’acteurs du tourisme, ou d’acteurs culturels tirent la sonnette d’alarme et pointent du doigt un manque de vision qui ne cesse de les handicaper.»
Porter des projets culturels et événementiels au niveau cantonal est, traditionnellement, dans le cahier des charges... d'un département de la culture. Qui n'existe pas tel quel au sein du Conseil d'Etat genevois. En effet, il revient au Département de la cohésion sociale (DCS), sous l'égide du socialiste Thierry Apothéloz, de traiter les questions culturelles et événementielles.
Et, pour Darius Azarpey, c'est un problème: «Depuis la pandémie, le département qui s’occupe de la culture au niveau cantonal, qui est aussi celui de la cohésion sociale, avait une charge énorme au niveau du travail social. Ils avaient autre chose à faire. C’est pour cela qu’il faudrait, selon moi, un département à part entière pour la culture, les loisirs et le sport.»