Avec l'acteur français Bernard Campan, Alexandre Jollien incarnent dans cette comédie deux amis, l'un valide, l'autre infirme moteur cérébral, qui partent sur les routes de l'Hexagone. Ce film est l'un parmi la cinquantaine, qui seront projetés durant cinq jours dans la Cité horlogère.
Du côté des stars françaises, l’actrice Nathalie Baye vient pour la première fois dans la ville bilingue présenter «Haute couture». Première d’atelier au sein de la Maison Dior, une femme presque à la retraite se fait voler un sac à main dans le métro : ce sera l'occasion d'une rencontre improbable.
Le public pourra aussi écouter Charlotte Gainsbourg grâce à une visioconférence : celle-ci aura lieu après la projection du documentaire, qu'elle a consacré à sa mère Jane Birkin. L'icône anglaise, âgée de 74 ans, vient d'être victime d'un léger AVC en début de semaine.
Le festival, financé à 90% par des privés, veut faire exister le cinéma romand et francophone en Suisse alémanique. N'est-ce pas un voeu pieux ? «Pas du tout, la moitié du public qui vient chez nous parle allemand», explique Christian Kellenberger, co-créateur de ce festival lancé en 2005, à Keystone-ATS.
Dans ce but, le rendez-vous de cinéphiles fait un effort particulier pour le bilinguisme. Les programmateurs cherchent à attirer le public alémanique avec des films exclusifs, sous-titrés en allemand pour la plupart. Tous les podiums de discussion sont traduits simultanément en allemand.
Faire découvrir le film français outre-Sarine
Le festival joue un certain rôle dans la circulation des films français en direction des salles obscures alémaniques: il a développé son propre programme d’aide aux sous-titrages, VitaLabel, qui permet de sous-titrer entre cinq et huit longs métrages par an.
Tous les courts-métrages sont aussi sous-titrés. «Le public germanophone découvre de cette manière les premières oeuvres de certains cinéastes, qui débutent chez nous et qu'on revoit plus tard dans les grandes sélections», poursuit le directeur.
Et depuis l'année dernière, les programmateurs vont plus loin avec le FFFH itinérant. Du 21 octobre au 12 novembre 2021, sept communes bernoises comme Lyss, Meiringen ou Langnau accueilleront 14 projections: le public pourra voir «Aline» de l'actrice, humoriste et réalisatrice Valérie Lemercier, le biopic librement inspiré de la vie de Céline Dion.
Pour cette édition, la moitié des films présentés sont réalisés par des femmes, relève Christian Kellenberger. Et quelques thématiques se sont imposées cette année comme l'identité sexuelle : Marie-Castille Mention-Schaar, cinéaste passionnée par la question du genre, présente «A good man». Le cinéma français a jusqu'ici évoqué la question transgenre avec un acteur, Marie-Castille Mention-Schaar le fait avec une actrice, Noémie Merlant.
La réalisatrice Catherine Corsini se penche elle sur la déliquescence de la société française dans «La Fracture», avec les actrices Valeria Bruni-Tedeschi et Marina Fois. Tous les maux d’une société sont concentrés dans un lieu unique: la réalisatrice a choisi un hôpital, sur fond de grève du personnel soignant et révolte des gilets jaunes.
Dans sa section découverte, le FFFH propose des films francophones non distribués en salle comme «Bonne mère» de l’actrice et réalisatrice Hafsia Herzi. Elle brosse le portrait d’une femme qui porte sa famille à bout de bras, dans les quartiers nord de Marseille.
Ce rendez-vous biennois attire en général 20'000 festivaliers. L'an dernier, le FFFH a dépassé les 11'000 spectateurs. Il a ouvert une 4e salle pour permettre d'appliquer les mesures sanitaires liées au Covid comme d'occuper un siège sur deux.
Cette année, le FFFH se prépare à s'adapter au pass sanitaire, que le Conseil fédéral pourrait imposer prochainement. Christian Kellenberger préfèrerait laisser les cinémas accessibles à tout le monde comme l'an dernier, en ouvrant les salles aux deux tiers avec masque obligatoire. Pour les mêmes raisons sanitaires, le Festival Offf gratuit est lui reporté à 2022.
En revanche, les amateurs du 7e art peuvent découvrir une nouvelle proposition, le FFFH au bord de l’eau, qui a déjà ouvert sur les rives du lac de Bienne le 2 septembre. Ce petit cinéma en plein air peut accueillir une centaine de personnes.
(ATS)