Avec 18'000 contaminations en 24 heures, «nous avons une augmentation de la circulation du virus de l'ordre de 150% sur une semaine: nous n'avons jamais connu cela», a mis en garde mardi le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Alors que le gouvernement n'hésite plus à parler de «quatrième vague» et que le masque en extérieur fait son retour dans les zones touristiques où l'épidémie repart (Haute-Garonne, Charente-Maritime...), le Conseil de défense se réunit mercredi, jour de l'application du pass sanitaire dans les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes (contre 1000 auparavant).
Annoncé il y a neuf jours en même temps que la vaccination obligatoire des soignants, l'élargissement du pass sanitaire avait provoqué une ruée sur la vaccination... et fait l'effet d'une douche froide sur le milieu de la culture, qui peinait à se relever de plusieurs mois de fermeture pour cause de pandémie.
«Sur le papier, c'est un super été avec des films forts comme 'Kaamelott', comme 'Fast & Furious 9' et beaucoup d'autres», affirme à l'AFP Alexandre Hellmann, patron du Grand Rex, mythique salle de cinéma parisienne. «Mais il y a le pass sanitaire, il fait beau et plein de gens vont décider de ne pas aller au cinéma».
Salles de cinéma, musées, théâtres et festivals d'été sont partagés entre crainte d'une baisse de fréquentation et espoir que la mesure, qui concerne pour l'instant les personnes majeures, ne décourage pas trop les spectateurs.
D'autant plus que l'obligation de porter le masque dans ces endroits-là n'est plus d'actualité, «sauf contrordre des préfets dans les départements en fonction de la situation épidémique», a annoncé mardi Olivier Véran.
Pour Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas, les salles sont «traitées comme les mauvais élèves» alors qu'il n'y a eu aucun foyer de contamination répertorié. Comment gérer au Grand Rex «1200 personnes alors que les spectateurs arrivent un quart d'heure avant, et qu'il faut 20 à 25 secondes pour contrôler chaque personne», s'interroge-t-il.
Pour faire face à ces nouvelles contraintes, la Tour Eiffel, un des monuments les plus visités au monde, a prévu des tests antigéniques pour tous les visiteurs qui se présenteraient sans pass sanitaire (gratuits pour les Français, payants pour les étrangers). Des deux côtés de La Dame de Fer, qui a reçu depuis vendredi la moitié de sa fréquentation estivale habituelle, une tente a été installée à cet effet.
Au «Off» d'Avignon, qui compte plus d'un millier de spectacles dans une centaine de places, on croise les doigts pour que le pass sanitaire fasse le moins de dégâts possible. Contrairement au Festival d'Avignon qui se termine quatre jours après l'extension du pass, le «off» se poursuit jusqu'au 31 juillet.
«Après l'annonce, il y a eu une baisse réelle au niveau des réservations», affirme à l'AFP Nikson Pitaqaj, directeur délégué de l'association qui gère le «off». Depuis lundi, c'est reparti à la hausse, je ne sais pas si ça va durer».
Près de la moitié des 108 théâtres ont une jauge de plus de 50 places. Certains sont prêts car équipés de lecteurs de codes QR. «Le plus grand théâtre a 300 places, donc ça devrait être gérable», précise le directeur délégué.
Mais ceux qui ne se sont pas organisés ont demandé à abaisser leur jauge à 50 places, un assouplissement qui leur été accordé par le préfet mardi mais qui sera soumis à des contrôles.
Le projet de loi étendant le pass sanitaire a débuté mardi son chemin au Parlement avant une éventuelle adoption en fin de semaine. Il prévoit l'extension de cette mesure aux cafés, restaurants et trains à partir de début août.
(ATS)