Le déploiement de ces soldats a été dénoncé à Kiev. «Nous pensons que l'accumulation de troupes près de nos frontières constitue un moyen de pression psychologique de la part de nos voisins», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, cité dans un communiqué.
Paris a dénoncé un «geste d'une grande violence». Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a qualifié sur France Inter les manoeuvres d'"extrêmement massives», observant: «Il y a une accumulation d'exercices très significative, en particulier aux frontières même de l'Ukraine».
La Russie est accusée d'être prête à mener une nouvelle opération militaire contre Kiev, après l'annexion de la Crimée en 2014. Le Kremlin rejette ces affirmations et déclare vouloir assurer sa sécurité face au comportement jugé hostile de Kiev et de l'Otan.
Les exercices russo-biélorusses «se déroulent avec l'objectif de se préparer à arrêter et repousser une agression extérieure dans le cadre d'une opération défensive», a assuré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Selon cette source, les manoeuvres ont lieu jusqu'au 20 février sur cinq terrains militaires, quatre bases aériennes et «différents sites» en Biélorussie, notamment dans la région de Brest, frontalière avec l'Ukraine.
Les armées de Minsk et Moscou n'ont pas précisé le nombre de soldats et d'équipements participant à ces manoeuvres. Les Occidentaux affirment que 30'000 militaires russes ont été déployés en Biélorussie dans ce cadre. Dans un communiqué, l'armée russe a seulement précisé jeudi que des systèmes anti-aériens S-400 avaient été déployés dans la région de Brest.
Sur le front diplomatique, le chancelier allemand Olaf Scholz reçoit jeudi à Berlin les dirigeants des pays baltes, ex-républiques soviétiques membres de l'Otan.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson qui a annoncé l'envoi de 350 soldats de plus en Pologne dans le cadre d'une mission de l'Otan, va de son côté à Bruxelles où il rencontrera des responsables de l'Otan avant de se rendre à Varsovie.
Sa ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, est elle à Moscou. Au début de cette rencontre, le chef de la diplomatie russe, Sergeï Lavrov, a répété que «des approches idéologisées, des ultimatums et des menaces ne mènent à rien».
Le président français Emmanuel Macron s'est rendu lundi à Moscou, puis mardi à Kiev. Il a notamment affirmé avoir reçu du président russe Vladimir Poutine des gages qu'il n'y aurait pas d'"escalade» supplémentaire et l'assurance que les troupes russes actuellement déployées en Biélorussie partiront comme prévu une fois les manoeuvres terminées.
En parallèle, Kiev a annoncé le début de manoeuvres militaires jeudi sur son territoire et son armée se tient en alerte. En cas d'attaque russe, les Occidentaux ont menacé Moscou de sanctions économiques majeures qui s'ajouteront à celles prises en 2014 après l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Cette annexion a été suivie par le début d'un conflit dans l'est de l'Ukraine entre Kiev et des séparatistes soutenus par la Russie. La guerre a fait plus de 14'000 morts en huit ans, selon l'ONU, et se poursuit malgré des accords de paix en 2015.
Moscou exige la fin de la politique d'élargissement de l'Otan, l'engagement de ne pas déployer d'armes offensives à proximité des frontières russes et le retrait d'infrastructures militaires de l'Alliance sur les frontières de 1997, c'est-à-dire avant que l'organisation n'accueille d'ex-membres du bloc soviétique.
Les États-Unis, qui ont dépêché des renforts militaires en Europe de l'Est, ont rejeté ces exigences mais laissé la porte ouverte à des discussions sur d'autres sujets, comme le déploiement de missiles ou des limites réciproques aux exercices militaires.
(ATS)