En signe de solidarité avec les familles des victimes qui organisaient cette manifestation, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées à une entrée du port. Certaines femmes toutes de noir vêtues portaient de hauts flambeaux.
Précédés par des épouses, des soeurs et des mères arborant le portrait d'une victime, trois «cercueils symboliques» recouverts de fleurs et portés sur des épaules sont sortis du port, a constaté un photographe de l'AFP. «Le nitrate d'ammonium a fait ça», pouvait-on lire sur une pancarte.
«Ces cercueils sont symboliques»
Accompagné par les tambours d'une fanfare, le cortège a marché jusqu'aux quartiers voisins de Gemmayzé et Mar Mikhaïl, détruits par l'explosion. «Ces cercueils sont symboliques, pour rappeler aux gens que nous avons porté les cercueils de nos victimes et de nos martyrs», a expliqué à l'AFP Ibrahim Hteit, porte-parole d'une association des familles. «C'est notre droit d'arriver à la vérité et d'arriver à la justice», a-t-il martelé.
Mercredi déjà, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour marquer le premier anniversaire de l'explosion du 4 août 2020, pleurant les 214 morts d'une tragédie dont les coupables n'ont pas été jugés. L'explosion de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d'ammonium, stockées depuis des années au port - «sans mesure de précaution» de l'aveu même du gouvernement - a aussi fait plus de 6500 blessés et dévasté des quartiers entiers.
Des ex-ministres en cause
Malgré l'ampleur du drame, l'enquête locale piétine, même si des ex-ministres sont dans le viseur de la justice. Arguant de l'immunité dont jouissent ces responsables du fait de leurs postes publics, la classe dirigeante est accusée de tout faire pour torpiller l'enquête et éviter des inculpations.
«Le crime se poursuit, levez les immunités», était-il écrit sur une pancarte brandie dimanche soir dans le cortège.
Hélène Ata a perdu son frère jumeau Abdo Ata. Il avait 38 ans. «Chaque jour la douleur est plus forte, à l'ombre de l'injustice qui plane sur cette affaire, l'inaction des responsables et leur volonté d'échapper à la justice», fustige la psychologue. «Un an plus tard, c'est comme si de rien n'était», déplore-t-elle. «Chaque Libanais doit être dans la rue tous les jours, jusqu'à ce que justice soit faite». Une association représentant les familles des disparus de la guerre civile (1975-1990) participait également à la manifestation.
(ATS)