Réseaux sociaux selon Myret Zaki
Tous les chemins mènent au «mur»

Pour Myret Zaki, les médias sociaux sont devenus essentiels dans le débat. Voici pourquoi elle pense que Blick a eu raison de miser sur eux.
Publié: 30.05.2021 à 17:08 heures
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Dernière mise à jour: 31.05.2021 à 13:53 heures
Myret Zaki

Je vais être honnête avec vous. Pour une remetteuse d’églises au milieu du village, coupeuse de dollars en quatre, tortionnaire occasionnelle de trolls et de banques centrales et argumentatrice casse-pieds, chroniquer dans Blick sera pour moi un vrai bonheur. Pourquoi? Parce que le rédacteur en chef Michel Jeanneret veut un journalisme qui bouscule et fasse briller la tradition d’irrévérence du titre. Avec un pari, l’intégrer d’emblée dans l’écosystème des médias sociaux, où ses articles, sortant des sentiers battus, seront un précieux stimulateur de débats. Au moment où les internautes réclament une info critique, plurielle et riche en investigation, et où les jeunes préfèrent suivre leurs idoles, Blick répond par l’audace et l’interactivité digitale et c’est réjouissant.

Les équilibres anciens ont changé à en donner le vertige. Elon Musk et Bill Gates rassemblent à eux deux 110 millions d’abonnés Twitter. Les milliardaires, les grandes marques, les footballeurs, tous créent des contenus, deviennent sources d’infos, savent capter leur audience et la divertir.

C’est sur les médias sociaux que, pendant la crise du Covid, s’est fait l’essentiel du débat, dans sa vaste diversité. Même pour les articles de journaux, même pour les émissions TV, le point de chute ultime, le rendez-vous final, c’est le fil de commentaires. Un article qui n’a pas été posté, partagé, commenté, n’a pas vraiment existé. La «rédaction» ne se conçoit plus sans la «réaction». Tous les chemins (de l’article) mènent au mur (du réseau social).

Un média vit aujourd’hui dans une relation organique avec les réseaux, devenus son prolongement. Après 20 ans de journalisme au sein de rédactions romandes, je suis aujourd’hui freelance et formatrice en leadership d’opinion. Depuis 13 ans, j’ai entretenu une double vie, menant de front médias sociaux et articles dans les médias. Mais la séparation n’était qu’imaginaire. Sur le mur Facebook, j’ai eu les débats les plus riches et variés, qui ont nourri mes réflexions et articles ultérieurs. Une chronique que j’écris sur Blick poursuivra sa vie sur Twitter, Facebook, LinkedIn, où je la discuterai avec les lecteurs.

Comme au foot, le journalisme a maintenant sa «3e mi-temps», le temps des réseaux, qui peut prendre plus d’ampleur que le «match» lui-même. Des infos s’ajoutent sur les fils, liens, références, et tout n’est pas à jeter, c’est même tout le contraire. Un fil comme celui du Financial Times (y compris sur Instagram) peut constituer une lecture plus fournie que l’article de base.

C’est aussi là que le média trouve son point de contact avec les jeunes, qui n’établissent pas la même hiérarchie que nous entre médias et réseaux sociaux. Ils s’informent sur Twitter, Youtube, Instagram, TikTok, ce qui inclut bien sûr les statuts et les commentaires, ou «comm», de leur petit nom. Nombre de nos parents retraités aussi passent leur vie sur Facebook, YouTube et se retrouvent «ajoutés» à des groupes WhatsApp. Le règne de l’internaute likeur, commentateur, partageur et influenceur ne fait que commencer.

Parés pour la 3e mi-temps? Alors retrouvez-moi ici chaque quinzaine pour deviser sur l’actualité économique, boursière et géopolitique, et sur les nouvelles tendances dans la communication.

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