Le signal politique est mauvais. Le timing aussi. Le Conseil d’Etat valaisan a pris de gros risques en décidant unilatéralement de retarder la 3e correction du Rhône. Il met en danger la sécurité de la population et des infrastructures sur sol valaisan et vaudois et compromet l’essor économique de toute une région. Une démarche dangereuse. Je suis donc intervenue au niveau fédéral.
C’est en effet une course contre-la-montre: le Rhône dispose d’un grand potentiel de destruction. Malgré deux remaniements, des crues du fleuve ont inondé la plaine et causé d'importants dégâts en 1987, 1993 et 2000. Or les dérèglements climatiques sont de plus en plus fréquents et dévastateurs et accentuent encore cette menace.
Sur le sujet
Une réalisation d’intérêt général
Depuis bientôt 20 ans, Vaud et du Valais travaillent main dans la main à la 3e correction du Rhône, en collaboration avec la Confédération, qui a alloué de gros moyens. Une entente qui a toujours bien fonctionné, comme je l’ai constaté lorsque j’étais la Conseillère d’Etat vaudoise en charge du dossier. Or voilà que le gouvernement valaisan remet en cause de manière unilatérale le financement et le calendrier de ce projet. Il y a de quoi s’alarmer.
La 3e correction du Rhône est une réalisation d’intérêt général, essentielle pour protéger la population ainsi que les activités agricoles et économiques, des dangers naturels. Une mission qui prend tout son sens à l’heure où la Suisse orientale est menacée par les débordements du Rhin et du lac de Constance. Le danger est accru et peut frapper n’importe où et en tout temps.
Ce n’est pas en retardant le projet et que nous allons prévenir et anticiper les catastrophes! Et tout ce qui se fait ou ne se fait pas dans le secteur valaisan en amont a des répercussions inévitables et importants sur le secteur vaudois en aval.
Le développement économique du Chablais en péril
Le revirement du Conseil d’État valaisan ne met pas uniquement nos cantons en difficulté au niveau sécuritaire, il pénalise également le développement économique du Chablais. Tant que le projet n’avance pas, les autorisations de construire sont limitées dans les zones de danger d’inondation.
Enfin, la décision valaisanne risque fort d’entraîner des conséquences graves pour son financement. En réponse à ma question, le Conseil fédéral a averti: si le canton du Valais veut continuer de recevoir la manne fédérale, il doit respecter le cadre dans lequel le crédit d’ensemble a été voté par le Parlement. En cas de modifications, la Confédération examinera leur impact sur les subventions et pourrait exiger le remboursement des investissements déjà accordés. Un projet aussi onéreux ne peut pas se passer du financement de Berne.
Ne prenons pas de risques inutiles et ne dispersons pas nos forces. Si nous voulons être à la hauteur des enjeux sécuritaires, environnementaux et économiques, nous devons apporter les corrections nécessaires au Rhône. Trouvons ensemble un chemin qui nous permette d’aller de l’avant. Rapidement. Car les cantons de Vaud et du Valais ont trop de choses en commun pour se fâcher.