«On vous ment!»
Une manifestante anti-guerre interrompt le journal télévisé russe

Une femme a fait irruption lundi soir pendant le journal télévisé le plus regardé de Russie avec une pancarte critiquant l'offensive militaire en Ukraine, une scène rarissime dans un pays où l'information est strictement contrôlée.
Publié: 15.03.2022 à 06:21 heures
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Dernière mise à jour: 15.03.2022 à 14:30 heures
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Une manifestante brandit une pancarte durant le journal télévisé russe.
Photo: Screenshot

L'ONG de défense des droits des manifestants OVD-Info, qui présente cette femme comme Marina Ovsiannikova, une employée de la chaîne, a rapporté qu'elle avait été arrêtée et emmenée au commissariat.

La scène s'est produite pendant le principal programme d'information du soir de la plus puissante chaîne télévisée du pays, Pervy Kanal, baptisé «Vremia» ("le temps"), un rendez-vous quotidien suivi par des millions de Russes depuis l'époque soviétique.

Alors que la célèbre présentatrice Ekaterina Andreïeva est en train de parler, Mme Ovsiannikova surgit derrière elle avec une pancarte sur laquelle on peut lire «Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment, ici».

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Elle risque 15 ans de prison

«Les Russes sont contre la guerre», peut-on encore lire sur la pancarte sur laquelle le drapeau de l'Ukraine et celui de la Russie sont dessinés.

Imperturbable, la présentatrice continue de parler quelques secondes pendant que la protestataire scande «non à la guerre», puis la chaîne précipite la diffusion d'un reportage sur les hôpitaux, mettant fin au direct sur le plateau.

«Une enquête interne est en train d'être menée» sur cet «incident», a laconiquement déclaré Pervy Kanal dans un communiqué.

Selon l'agence de presse Tass, la jeune femme pourrait être poursuivie pour avoir «discrédité l'utilisation des forces armées russes», un crime nouvellement adopté par la législation russe qui peut être puni par 15 ans de prison.

Dans une vidéo enregistrée préalablement et publiée par OVD-Info, Mme Ovsiannikova explique que son père étant ukrainien et sa mère russe, elle n'arrive pas à voir les deux pays comme ennemis.

«J'ai honte d'avoir permis la diffusion de mensonges»

«Malheureusement, j'ai travaillé pour Pervy Kanal ces dernières années, faisant de la propagande pour le Kremlin. J'en ai très honte aujourd'hui», dit-elle.

«J'ai honte d'avoir permis que des mensonges soient diffusés à la télévision, honte d'avoir permis que le peuple russe soit 'zombifié'», ajoute-t-elle.

La vidéo s'est propagée comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes, saluant le «courage» de cette femme, dans un contexte de brutale répression contre toute forme de dissidence.

Dans leur tentative de contrôler toute information au sujet du conflit, les autorités ont bloqué la plupart des médias encore indépendants, ainsi que les principaux réseaux sociaux, comme Twitter et Facebook.

Résultat, la plupart des Russes n'ont accès qu'à la version délivrée par le gouvernement et les médias, dont Pervy Kanal, d'une «opération militaire spéciale» visant à «dénazifier» l'Ukraine et empêcher un «génocide».

(ATS)

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