Nouveau mandat sans opposition
Début du vote pour une présidentielle devant reconduire Poutine

Les habitants de l'Extrême Orient russe ont commencé à voter à la présidentielle qui doit reconduire Poutine pour un nouveau mandat sans opposition. L'Ukraine, confrontée à une offensive russe depuis deux ans, multiplie elle les attaques à l'autre bout du pays.
Publié: 15.03.2024 à 06:51 heures
Les Russes de l'extrême Est ont commencé à voter pour l'élection présidentielle. Le Parquet de Moscou a souligné jeudi que toute forme de protestation serait «punissable en vertu de la législation en vigueur». (photo symbolique)
Photo: Keystone/AP

Les bureaux de vote ont ouvert à 08h00 locales vendredi (21h00 suisses jeudi) sur la péninsule du Kamtchatka et en Tchoukotka, deux régions reculées situées à l'extrême Est de la Russie, et clôtureront dimanche à 20h00 (19h00 suisses) à Kaliningrad, enclave russe au sein de l'UE.

Décalage horaire oblige, les habitants de l'Extrême-Orient commencent à voter au moment où les habitants de la partie occidentale de ce pays aux onze fuseaux horaires s'apprêtent seulement à aller se coucher. Le vote se tiendra sur trois jours, y compris dans les territoires occupés par la Russie en Ukraine ou encore en Transdniestrie, territoire séparatiste prorusse de Moldavie.

Peu avant le début du scrutin, Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 24 ans, a enjoint à ses compatriotes de ne pas se «détourner du chemin» et de faire un vote «patriotique» en ces temps «difficiles». Le chef de l'Etat sortant fera face à trois candidats sans envergure qui ne s'opposent ni à l'offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition et a culminé avec la mort en prison mi-février du principal opposant, Alexeï Navalny.

Le seul opposant à avoir tenté de se présenter, Boris Nadejdine, a vu sa candidature rejetée.

Ioulia Navalnaïa proteste

La veuve d'Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a appelé les Russes à protester en allant voter pour n'importe lequel des candidats à l'exception de Poutine.

Elle a aussi appelé les Russes soutenant l'opposition à se rendre dans les bureaux de vote au même moment, dimanche à 12h00, pour montrer qu'ils sont nombreux.

Cet appel a provoqué une mise en garde du Parquet de Moscou, qui a souligné jeudi que toute forme de protestation serait «punissable en vertu de la législation en vigueur».

La répression envers les voix critiques du Kremlin s'est nettement accélérée depuis le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, les autorités ayant envoyé la plupart des opposants et des milliers d'autres Russes derrières les barreaux, et poussé de nombreux autres vers l'exil.

Au pouvoir jusqu'en 2030

La victoire de Vladimir Poutine à ce scrutin, qui ne fait aucun doute, doit lui permettre de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2030. Grâce à une révision constitutionnelle de 2020, il pourra se représenter et rester jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.

Le scrutin a d'ores et déjà été critiqué par les Etats-Unis, qui ont dénoncé des «simulacres d'élections organisées dans les territoires ukrainiens occupés». La diplomatie ukrainienne a appelé à rejeter le résultat de ce vote, qu'elle qualifie de «farce».

Dans la ville de Marioupol, occupée par la Russie dans le Sud de l'Ukraine, les responsables électoraux ont ouvert jeudi des bureaux de vote improvisés sur de petites tables dans la rue et sur les capots des voitures. Des banderoles ont été déployées avec un logo «V» rouge, blanc et bleu, un des symboles de l'armée utilisé comme signe de soutien à l'offensive.

Pression accrue de l'Ukraine sur les régions russes frontalières

L'Ukraine a de son côté accentué ces trois derniers jours la pression sur les régions russes frontalières en multipliant les attaques de drones et les incursions armées de volontaires russes pro-Ukraine.

La garde nationale russe a dit jeudi en milieu de journée repousser avec l'armée et les gardes-frontières l'assaut d'un groupe de «saboteurs» près de la localité de Tiotkino, dans la région de Koursk, frontalière de l'Ukraine. Des attaques contre ce village menées par des unités en provenance d'Ukraine et se disant composées de Russes opposés au Kremlin avaient déjà eu lieu mardi. Moscou assurait alors que les assaillants avaient été décimés.

La «Légion Liberté de la Russie», un des groupes à l'origine de précédentes incursions, a promis jeudi de «libérer les régions russes» de Belgorod et de Koursk.

En parallèle, les attaques de drones se multiplient dans les régions russes frontalières mais aussi à des centaines de kilomètres du front, Kiev ayant promis des représailles aux bombardements que l'Ukraine subit depuis plus de deux ans. La région de Belgorod est particulièrement visée. Jeudi, deux civils y sont morts et au moins 19 autres ont été blessés dans plusieurs vagues d'attaques de drones ukrainiens, selon son gouverneur Viatcheslav Gladkov.

(ATS)

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