Une descente de 500 policiers
À Hong Kong, deux responsables d'un journal d'opposition inculpés par la justice chinoise

Deux responsables du quotidien pro-démocratie hongkongais Apple Daily ont été inculpés vendredi en vertu de la loi sur la sécurité nationale, au lendemain de la spectaculaire perquisition dans la salle de rédaction de ce journal critique à l'égard de Pékin.
Publié: 18.06.2021 à 12:00 heures
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Dernière mise à jour: 18.06.2021 à 12:30 heures
D'après les journalistes, la police a emporté 38 ordinateurs, ainsi que des disques durs et des carnets de notes.
Photo: Getty Images

La police a annoncé, dans un bref communiqué, l'inculpation de deux personnes âgées de 47 et 59 ans pour «collusion avec un pays étranger ou avec des éléments externes en vue de mettre en danger la sécurité nationale».

L'Apple Daily les a identifié comme le rédacteur en chef Ryan Law et son directeur général Cheung Kim-hung. Selon le commissaire principal Steve Li, leurs fonctions font qu'ils sont «responsables du contenu, du style et des règles en matière de reportage». Le titre appartient au magnat Jimmy Lai, actuellement incarcéré pour avoir participé en 2019 à certaines manifestations pro-démocratie.

Un des responsables arrêtés par la police, jeudi matin.
Photo: keystone-sda.ch

Trois autres responsables encore en garde-à-vue étaient toujours interrogés et seront présentés samedi matin à un juge. Les cinq personnes ont été arrêtées jeudi quand un demi-millier de policiers ont réalisé une perquisition dans la salle de rédaction.

Descente de 500 policiers

Plus de 500 policiers avaient pris part jeudi au petit matin à une descente dans les locaux de l'Apple Daily, en lien avec des articles publiés par «appelant à des sanctions» contre Hong Kong et les dirigeants chinois.

C'est la première fois que le contenu d'un article donne lieu à des arrestations en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée l'an passé par Pékin.

Le syndicat des journalistes du tabloïd a qualifié cette descente de «violation gratuite de la liberté de la presse» qui «témoigne de la manière dont le pouvoir de la police s'est accru dans le cadre de la loi».

Vendredi matin, le Apple Daily a tout de même réussi à être publié, mettant en Une ses cinq journalistes arrêtés.
Photo: AFP

Actifs saisis, une première

La police a également annoncé que 18 millions de dollars de Hong Kong (2 millions d'euros) d'actifs détenus par Apple Daily ont été gelés en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Il s'agit de la première saisie d'actifs d'une entreprise de presse réalisée sur le territoire.

Le ministre hongkongais de la Sécurité John Lee a refusé de dire quels articles enfreignaient la loi sur la sécurité ou si les personnes qui les ont partagés sur internet, ont acheté l'Apple Daily ou ses actions sont passibles de poursuites.

«Cela ne vise pas la liberté de la presse», a-t-il affirmé. «Nous ciblons une conspiration qui menace la sécurité nationale et des journalistes qui à travers leur travail se livreraient à des faits menaçant la sécurité nationale».

Le Apple Daily, (trop) critique de Pékin.
Photo: keystone-sda.ch

Pressions physiques et financières

Le journal a diffusé en direct sur Facebook des vidéos montrant la perquisition au sein de la salle de rédaction. A l'issue du raid, des journalistes sont retournés dans la salle de rédaction, mise à sac. D'après eux, la police a emporté 38 ordinateurs, ainsi que des disques durs et des carnets de notes.

La Bourse de Hong Kong a annoncé dans la foulée la suspension des échanges d'actions de Next Digital, le groupe de médias de Jimmy Lai.

Climat politique dégradé

En un an, le climat politique s'est considérablement dégradé dans l'ancienne colonie britannique avec la répression implacable du mouvement pro-démocratie de 2019. L'instrument privilégié de cette répression de toute dissidence est la loi sur la sécurité nationale, qui prévoit des peines de prison à vie.

L'Apple Daily avait apporté un soutien indéfectible à ce mouvement et Pékin n'a jamais caché son désir de faire rentrer ce journal dans le rang, ou au moins d'étouffer sa voix.

(ATS)

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