Dimanche à la mi-journée, une nouvelle escalade a eu lieu sur le plan politique de la guerre en Ukraine. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a affirmé lors d’une conversation téléphonique avec ses homologues français et britannique que Kiev envisageait de briser un tabou nucléaire pour discréditer Moscou.
L’Ukraine prévoit de faire exploser sur son propre territoire une «bombe sale»: un engin explosif conventionnel, mais enrichi de matières radioactives. Il s’agirait ainsi de dresser le monde contre la Russie. Selon le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, Sergueï Choïgou a raconté que l’Ukraine «prévoit des mesures soutenues par les pays occidentaux, y compris la Grande-Bretagne, pour faire escalader le conflit en Ukraine».
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En d’autres termes, cela signifie que le ministre russe accuse ses homologues occidentaux de chercher délibérément un moyen pour une escalade, en collaboration avec l’Ukraine. Et pour ce faire? Utiliser une bombe nucléaire.
Sergueï Choïgou n’a pas eu le temps d’étayer ses accusations: le gouvernement ukrainien les a immédiatement rejetées. Le président, Volodymyr Zelensky, a déclaré que les affirmations de la Russie laissaient supposer que Moscou elle-même préparait quelque chose de «sale».
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a également déclaré que l’Ukraine ne disposait pas de «bombes sales». Et il a ajouté: «Les Russes accusent souvent les autres de ce qu’ils préparent eux-mêmes.»
Cette dernière affirmation est véréfiée: le Kremlin utilise régulièrement ce stratagème pour détourner l’attention de ses propres actions. On assiste régulièrement à des actes terribles de la part des troupes de Vladimir Poutine – non sans accuser l’Ukraine de «provocation planifiée» et de rejeter ainsi toute responsabilité.
Des accusations de mise en scène
Un exemple: le massacre de Boutcha. Entre mars et début avril, des centaines de civils ont été tués dans ce village temporairement occupé par les Russes. Après le départ des troupes de Moscou, les actes atroces commis par les occupants sont peu à peu révélés. Malgré les images sans équivoque, la Russie a rejeté les accusations et parle plutôt d’une «mise en scène» de l’Ukraine. Mais les accusations de la Russie sont sans fondement et ont été réfutées de nombreuses fois.
En outre, Vladimir Poutine ne cesse de justifier sa guerre d’agression par la «volonté du peuple». Il martèle que les dirigeants ukrainiens représentent «un réel danger pour les habitants du Donbass». Enfin, ce serait l’Ukraine qui aurait déclenché la guerre.
Cette affirmation n’est pas exacte: la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février avec un important contingent militaire. Sans compter que la guerre dans le Donbass est en cours depuis 2014. A l’époque, des soldats sans appartenance apparente avaient hissé le drapeau russe sur le territoire ukrainien, provoquant ainsi une escalade. Certes, la Russie affirme que les soldats ne font pas partie de l’armée russe. Mais divers experts estiment aujourd’hui que cette information est fausse.
Un moment bien choisi
La Russie présente également la destruction du vol MH17 au-dessus de l’est de l’Ukraine en juillet 2014 comme une «grande mise en scène théâtrale» de l’Occident. Les médias d’Etat russes n’avaient cessé de diffuser différentes versions sur le déroulement de la destruction, tentant ainsi de faire porter le chapeau à l’Ukraine. Les enquêtes montrent toutefois que l’avion a été abattu par un missile russe. Pour rappel, les 298 personnes à bord, pour la majorité des ressortissants néerlandais, avaient perdu la vie.
Les observateurs estiment que la Russie a choisi très précisément le moment pour faire allusion à une menace nucléaire. En effet, les troupes de Vladimir Poutine sont confrontées à une défaite importante, notamment dans la région de Kherson. Avec les rumeurs qui viennent d’être diffusées, la propagande du Kremlin pourrait tenter de détourner l’attention de cet échec.
Poutine utiliserait-il une arme nucléaire?
Il n’est pas exclu que la Russie puisse utiliser une arme nucléaire tactique pour réagir à une éventuelle défaite dans la grande ville ukrainienne. La Russie a déjà menacé de procéder à une telle attaque de représailles après la destruction partielle du pont de Crimée. Après l’attentat contre le projet cher à Vladimir Poutine, le président russe a fait tirer des missiles sur les grandes villes ukrainiennes pendant plusieurs jours, faisant des dizaines de morts.
Selon le journal «Bild», la Russie pourrait tenter d’augmenter la pression sur Kiev avec ces nouvelles rumeurs. Moscou espérerait que les appels téléphoniques avec l’Occident et la menace nucléaire de la Russie incitent l’Ukraine à interrompre son offensive autour de Kherson et à laisser le champ libre aux troupes du Kremlin.