La mise en oeuvre du fonds destiné à financer les «pertes et dommages» climatiques des pays vulnérables a été adoptée jeudi dès le premier jour de la COP28 à Dubaï. De quoi espérer dégripper les tensions financières entre le Nord et le Sud. Cette décision historique, saluée par une standing ovation des délégués des près de 200 pays participants, concrétise le principal résultat de la COP27 en Egypte l'an dernier, où ce fonds avait été approuvé sur le principe mais dont les contours n'avaient pas encore été définis.
A savoir sur la COP28
«Je félicite les partis pour cette décision historique. C'est un signal positif pour le monde et pour notre travail», a déclaré le Sultan Al Jaber, le président émirati de cette COP. «Nous avons écrit une page d'histoire aujourd'hui... La rapidité avec laquelle nous l'avons fait est inédite, phénoménale et historique».
«L'argent, il y en a»
Après un an de bras de fer, pays du Nord et du Sud étaient parvenus le 4 novembre à Abou Dhabi à un fragile compromis sur les règles de fonctionnement de ce fonds, dont le démarrage effectif est désormais prévu en 2024. L'adoption du texte dès l'ouverture de la COP efface les craintes d'une remise en cause du compromis, qui aurait pesé lourdement sur le reste des négociations sur la réduction des gaz à effet de serre de l'humanité, responsables du réchauffement climatique.
Madeleine Diouf Sarr, présidente du groupe des Pays les moins avancés, qui représente 46 des nations les plus pauvres, a salué une décision d'une «signification énorme pour la justice climatique». «Mais un fonds vide ne peut pas aider nos citoyens», a-t-elle souligné. «Il faut désormais que les pays riches annoncent des contributions significatives», a abondé Friederike Röder, de l'ONG Global Citizen, arguant pour de nouvelles taxes internationales. «L'argent, il y en a, comme le montre les bénéfices de l'industrie pétrogazière», a-t-elle déclaré.
Selon plusieurs négociateurs interrogés par l'AFP, l'Union européenne, l'Allemagne, la France, le Danemark sont sur le point d'annoncer une première mise de départ, de l'ordre de quelques centaines de millions de dollars. Les Emirats ont immédiatement contribué à hauteur de 100 millions de dollars. Ces montants sont encore loin des dizaines de milliards nécessaires pour financer les dégâts climatiques des nations vulnérables.
Financement de projets pilotes
Des pays en développement ont réclamé un objectif de 100 milliards de dollars pour ce nouveau fonds, un chiffre équivalent aux 100 milliards d'aide annuelle dus par les pays développés pour l'adaptation et la transition écologique. Une promesse qui n'a pas été atteinte dès 2020 comme promis et a entamé durablement les relations Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique.
Les premières contributions «permettront de financer des projets pilotes» et de tester le fonctionnement du fonds «avant un tour de table plus large dans un an ou un an et demi», une fois qu'il aura prouvé sa crédibilité aux yeux des donateurs, explique un diplomate européen. Selon le texte adopté, le fonds doit être accueilli provisoirement, pour quatre ans, au sein de la Banque mondiale. Les pays en développement s'opposaient initialement avec force à cette option, reprochant à l'institution d'être aux mains des Occidentaux et inadaptée à leurs besoins.
De leur côté, les pays développés, Etats-Unis en tête, ont refusé que leurs contributions soient obligatoires plutôt que volontaires et réclament un élargissement de la base des donateurs aux riches pays émergents, comme l'Arabie Saoudite ou la Chine.
(ATS)