Sur cette petite île située au nord-ouest de Jakarta, la montée du niveau de la mer entraîne une augmentation des inondations qui endommagent les maisons, rues et commerces. Cette situation affecte les revenus de ses habitants qui vivent principalement de la pêche et du tourisme.
Emissions de CO2 en cause
Si les émissions mondiales de CO2 ne diminuent pas rapidement, dans 30 ans, l’île sera en grande partie sous l’eau, avertit un communiqué conjoint de l’Entraide Protestante Suisse (EPER), du European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) et de l’organisation indonésienne pour l’environnement WALHI.
En raison de ses émissions de CO2 très élevées, le cimentier suisse Holcim est largement responsable de cette situation, accuse l’EPER. Or, les habitants de Pulau Pari doivent financer eux-mêmes les mesures de protection de leur île, alors qu’ils ne contribuent presque pas aux changements climatiques.
«C’est vraiment injuste», a déclaré le pêcheur Edi Mulyono, lors d’une conférence de presse à Berne ce mardi. Les habitants subissent déjà des dommages concrets. «À cause des inondations, nous avons moins de clients, nos revenus diminuent», a raconté Asmania, qui possède une maison d’hôtes sur l’île.
Demande d’indemnisation
Quatre plaignantes et plaignants ont soumis lundi une requête de conciliation à Zoug, siège de l’entreprise. Il s’agit de la première étape d’une procédure civile ordinaire, qui mettra le groupe suisse face à ses responsabilités.
Ils demandent une indemnisation proportionnelle aux dégâts déjà survenus en raison des changements climatiques et une participation financière aux mesures nécessaires de toute urgence pour protéger l’île des inondations.
Mais ce qu’ils réclament avant tout, «c’est une réduction rapide des émissions excessives de CO2 du groupe, afin de limiter, à l’avenir, les dégâts occasionnés», selon les trois organisations qui soutiennent l’action du groupe d’habitants.
Une première en Suisse
L’île indonésienne débute la première procédure civile ordinaire engagée en Suisse contre une entreprise pour sa contribution aux changements climatiques. La procédure fait partie d’un mouvement plus large en Europe et dans le monde. «Une entreprise doit répondre des dommages qu’elle cause», souligne Nina Burri, responsable entreprise et droits humains à l’EPER.
En 2019, Holcim avait vendu ses activités en Indonésie au cimentier local Semen Indonesia. Mais le groupe fait partie des cinquante entreprises qui émettent le plus de CO2 au monde, argumente l’ONG, qui veut pousser Holcim à réduire son empreinte carbone.
Contacté par l’ATS, Holcim n’a pas souhaité faire de commentaires, indiquant n’avoir pas été officiellement informé de la procédure en cours. Le groupe précise qu’il prend les questions climatiques «très au sérieux», qu’il est l’un des leaders en matière de décarbonisation de sa branche. Il vise à devenir une entreprise «zéro émissions» d’ici 2050.
(ATS)