La chambre haute du Parlement russe a approuvé mardi soir la demande du président Vladimir Poutine de déployer des militaires russes à l'étranger. Il avait fait cette requête dans le but de venir en aide aux séparatistes prorusses en Ukraine.
Après un débat éclair, le Conseil de la fédération a approuvé à l'unanimité des 153 votants cette demande.
150'000 Russes seraient déployés
Plus tôt, le vice-ministre russe de la Défense Nikolaï Pankov avait lu la demande du chef de l'Etat devant l'assemblée réunie en session extraordinaire, arguant qu'«aux frontières des républiques populaires de Donetsk et Lougansk, une armée (ukrainienne) de 60'0000 hommes et de blindés lourds» a été déployée.
«Nous n'avons pas le choix, a-t-il dit, nous devons prendre la défense des habitants de ces jeunes États. Je vous demande de soutenir la proposition du président.» Selon Washington, la Russie a déployé quelque 150'000 hommes aux frontières de l'Ukraine, laissant craindre une invasion d'ampleur.
Application des décrets ratifiés mardi
La demande russe se fonde sur les accords d'entraide avec les séparatistes ratifiés ce mardi. Ces textes, d'une durée de 10 ans, créent «le fondement juridique pour la présence» dans ces territoires «des unités militaires russes nécessaires au maintien de la paix dans la région» et à «une sécurité durable des parties», selon une note explicative qui accompagne ces textes.
Ces documents «fixent les obligations des parties pour assurer une assistance mutuelle si l'une des parties est la cible d'une attaque» et ils «prévoient la protection en commun» des frontières.
L'OTAN s'attend à une attaque de grande envergure
Avec cette autorisation, l'OTAN craint une importante offensive militaire russe en Ukraine et a mis sa force de réaction rapide en alerte pour défendre les alliés, a annoncé mardi son secrétaire général.
«Tout laisse croire que la Russie prévoit une attaque massive en Ukraine» après l'envoi de troupes dans les territoires séparatistes prorusses du Donbass, dans l'est du pays, a déclaré Jens Stoltenberg après une réunion extraordinaire de la commission Otan-Ukraine au siège de l'Alliance à Bruxelles.
Une déclaration qui inquiète
Cette crainte de l'Otan fait suite à des déclarations du président russe Vladimir Poutine. Ce dernier a jugé mardi que la «meilleure solution» pour mettre un terme à la crise autour de l'Ukraine serait que Kiev renonce à son désir de rejoindre l'Otan.
«La meilleure solution à cette question serait que les autorités actuellement au pouvoir à Kiev refusent d'elles-mêmes de rejoindre l'Otan et s'en tiennent à une neutralité», a déclaré le dirigeant.
L'UE approuve un «paquet de sanctions» contre la Russie
Dans ce climat d'incertitude, les Vingt-Sept États-membres de l'UE ont approuvé mardi un «paquet de sanctions» à «l'unanimité» contre la Russie. Cette annonce fait suite à la décision du pays de reconnaître les territoires séparatistes dans l'est de l'Ukraine.
«Nous sommes tombés d'accord sur un premier paquet de sanctions à l'unanimité», a annoncé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à l'issue de la réunion des 27 ministres des Affaires étrangères à Paris. Ces sanctions «feront très mal à la Russie», a ajouté le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
Kiev veut des garanties de la part de l'UE
De son côté l'Ukraine a exhorté mardi ses alliés occidentaux à lui fournir davantage d'armes et à lui donner des garanties sur une future adhésion à l'Union européenne pour la soutenir face à la Russie.
«Ce matin j'ai envoyé à la ministre britannique des Affaires étrangères une lettre pour demander des armes défensives supplémentaires pour l'Ukraine», a déclaré le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba lors d'un point de presse à l'ambassade à Washington, précisant qu'il allait adresser la même demande à ses interlocuteurs américains.
«Nous allons mobiliser le monde entier pour obtenir tout ce qu'il nous faut pour renforcer notre capacité de défense», a-t-il ajouté.
Le ministre ukrainien a également indiqué avoir «appelé l'Union européenne à mettre de côté toute hésitation, toute réticence et tout le scepticisme existant dans des capitales européennes et à donner à l'Ukraine la promesse de sa future adhésion».
(ATS/AFP/Blick)