Afghanistan
Six questions et réponses sur la prise de pouvoir des talibans

Les talibans ont pris le contrôle de la capitale afghane, Kaboul, dimanche. Comment en est-on arrivé là? Et où se dirige le pays à présent? Blick propose six questions et leurs réponses.
Publié: 16.08.2021 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 16.08.2021 à 15:55 heures
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Erich Gysling, expert en Moyen-Orient, explique comment les talibans ont pu conquérir l'Afghanistan aussi rapidement.
Photo: Thomas Meier
Helena Schmid, Jocelyn Daloz (adaptation)

Comment les Talibans ont-ils pu prendre l'Afghanistan si rapidement?

Depuis le début du mois de mai, les États-Unis et l'OTAN retirent leurs forces d'Afghanistan. Dans un même temps, les talibans prennent le contrôle de parties de plus en plus importantes du pays. Au mois d'août, les évènements se sont précipités et les capitales provinciales sont tombées les unes après les autres. La campagne s'est terminée à Kaboul.

Sans combattre, l'armée a rendu ses armes aux talibans victorieux. «Il n'y avait aucune motivation de la part de l'armée pour arrêter la conquête», résume l'expert en Moyen-Orient Erich Gysling. «Les soldats ont peu de raisons d'être loyaux envers le gouvernement.»

Le peuple afghan se sent désavantagé depuis des années. Des milliards de dollars d'argent occidental ont bénéficié à une petite minorité corrompue.

Selon un rapport du journal «Al-Jazeera», 72% de la population vit dans la pauvreté. Seuls 55% des hommes savent lire et écrire, et moins de 30% des femmes. Erich Gysling: «De nombreux Afghans espèrent plus de justice et la fin de la corruption dans le pays avec les talibans.»

Quelle est la menace actuelle pour les femmes, les enfants, les collaborateurs des armées occidentales?

Les talibans pratiquent une vision rigoriste de l'islam et appliquent les lois les plus strictes de la charia. Selon ces lois, les voleurs ont les doigts ou les mains entières coupés. Les femmes adultères ou les homosexuels sont menacés de mort et sont souvent exécutés publiquement par lapidation. Le même sort est réservé aux «traîtres».

Erich Gysling considère que les employés des troupes américaines et de l'OTAN sont particulièrement en danger. «Les traducteurs, par exemple, craignent désormais pour leur vie. À juste titre.»

Les droits des femmes et des filles risquent également d'être sévèrement limités sous le régime des talibans. Certes, le groupe a promis que les filles seraient toujours autorisées à aller à l'école et a quelque peu mis de l'eau dans son vin (ou son kawa, étant donné que leur religion leur interdit la consommation d'alcool). «On reste loin de l'égalité tout de même: se pose la question de quelles écoles les filles seront autorisées à fréquenter et ce qu'elles y apprendront.»

Lorsque le groupe islamiste était au pouvoir, les femmes n'étaient autorisées à sortir de chez elles qu'en portant la burqa et accompagnées d'un chaperon masculin. Elles ne pouvaient ni s'exprimer en public ni travailler, et tout contact avec des hommes à qui elles ne sont liées ni par le sang, ni par le mariage leur était interdit.

Les États-Unis et l'OTAN ont-ils échoué?

Pendant près de deux décennies, les forces américaines et de l'OTAN ont été déployées en Afghanistan. «Ils ont promis la liberté et la démocratie», explique Erich Gysling. «Mais ces dernières années, de nombreux civils sont morts dans la guerre contre les talibans.» L'humeur de la population s'est donc de plus en plus retournée contre les forces occidentales, dit-il.

Cependant, l'expert ne pense pas que la guerre soit la première responsable de ce désastre. La situation était insoluble dès le départ. «Les États-Unis et l'Otan pensaient que le sol afghan serait un terreau fertile aux principes démocratiques au sens occidental du terme.» Les valeurs sociales traditionnelles comme la religion, la loyauté tribale et les coutumes ont été sous-estimées. Erich Gysling l'affirme: «L'idée d'une démocratie en Afghanistan était en soi une erreur.»

Y aura-t-il maintenant une menace de vague de réfugiés?

Il y a d'ores et déjà 2,6 millions de réfugiés afghans de par le monde. Plus de deux millions d'Afghans ont fui vers les pays voisins, le Pakistan et l'Iran, et certains d'entre eux ont gagné l'Europe. «Le mouvement de fuite existant est maintenant susceptible de s'intensifier», déclare l'expert en Moyen-Orient. Ce phénomène devrait également se faire sentir en Suisse.

Comment les Talibans sont-ils organisés?

Les Talibans veulent établir un système islamiste rigide en Afghanistan, selon leur conception radicale et conservatrice de l'Islam. Dans de nombreuses provinces, les talibans ont formé une sorte de gouvernement parallèle et y font déjà régner la charia.

Le groupement est organisé de manière très hiérarchique, comme il le dit lui-même. Différents noms sortent du lot. Pendant la prise de pouvoir à Kaboul, l'un des chefs talibans s'est retrouvé sous les feux de la rampe: le mollah Abdul Ghani Baradar, considéré comme le numéro deux des talibans. L'homme de 53 ans aurait fait le voyage de Doha à Kaboul dimanche pour soutenir la formation du gouvernement. Selon les rumeurs, Baradar pourrait devenir le prochain président de l'Afghanistan.

Les Suisses sont-ils en sécurité?

Vendredi, trois employés fédéraux suisses se trouvaient encore à Kaboul. Ils sont employés par le bureau de coordination de la Direction du développement et de la coopération (DDC) sur place. Une porte-parole du DFAE a confirmé dimanche à Blick que le bureau avait été fermé en raison de la situation actuelle en Afghanistan.

Les employés ont été évacués et la Confédération a pris les mesures appropriées. En plus des trois employés suisses, les 40 employés locaux du bureau de la DDC et leurs familles doivent être autorisés à se rendre en Suisse par avion. Au total, 200 personnes recevront un visa humanitaire. Pour des raisons de sécurité, le DFAE ne veut pas annoncer quand l'évacuation est prévue.


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