Le GIEC sonne l'alerte
«Vous êtes inquiets? Ce n'est que la première salve»

Le réchauffement de la planète pourrait atteindre le seuil de +1,5°C autour de 2030, dix ans plus tôt qu'estimé. De nouveaux désastres «sans précédent» menacent l'humanité, déjà frappée par des canicules et inondations en série, alerte le GIEC.
Publié: 09.08.2021 à 10:54 heures
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Dernière mise à jour: 10.08.2021 à 07:51 heures
Dans tous les cas, la planète devrait atteindre le seuil de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030, prévient le GIEC (image symbolique).
Photo: DUKAS
ATS

A moins de trois mois de la conférence climat COP26 à Glasgow, le constat choc des experts climat de l'ONU (GIEC) publié lundi, sonne comme un branle-bas de combat : les humains sont «indiscutablement» responsables des dérèglements climatiques et n'ont d'autre choix que de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, s'ils veulent en limiter les dégâts.

Ce premier rapport d'évaluation depuis sept ans, adopté vendredi par 195 pays, passe en revue cinq scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, du plus optimiste à l'hypothèse du pire.

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La planète se réchauffera, quoi qu'il arrive

Dans tous les cas, la planète devrait atteindre le seuil de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030. Dix ans plus tôt que la précédente estimation du GIEC en 2018.

Ensuite, d'ici 2050, la hausse se poursuivrait bien au-delà de ce seuil - qui est une des limites-clés de l'Accord de Paris - même si le monde parvenait à réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre.

Et si ces émissions ne sont pas drastiquement réduites, les +2°C seront dépassés au cours du siècle. Ce qui signerait l'échec de l'Accord de Paris et son objectif de limiter le réchauffement «bien en-deçà» de +2°C, si possible +1,5°C.

Alors que la planète a gagné pour l'instant +1,1°C, le monde voit de ses propres yeux les conséquences déjà à l'oeuvre. Encore plus cet été, avec les images de flammes ravageant l'Ouest américain, la Grèce ou la Turquie, des flots submergeant des régions d'Allemagne ou de Chine, ou un thermomètre qui frôle les 50°C au Canada.

«Si vous pensez que ça, c'est grave, rappelez-vous que ce que nous voyons aujourd'hui n'est que la première salve», commente Kristina Dahl, de l'organisation Union for Concerned Scientists.

Même à +1,5°C, les canicules, inondations et autres événements extrêmes vont augmenter «sans précédent» en termes d'ampleur, de fréquence, d'époque de l'année où elles frapperont et de zones touchées, prévient le GIEC.

La vie inéluctablement transformée d'ici 30 ans

Face à cet avenir apocalyptique, les appels à agir se multiplient. «Stabiliser le climat va nécessiter une réduction forte, rapide, et durable des émissions de gaz à effet de serre, pour atteindre la neutralité carbone», insiste Panmao Zhai, co-président du groupe d'experts ayant élaboré ce premier volet de l'évaluation du GIEC.

Le deuxième volet sur les impacts, prévu pour février 2022, montre en détail comment la vie sur Terre sera inéluctablement transformée d'ici 30 ans, voire plus tôt, selon une version préliminaire obtenue par l'AFP.

Le troisième volet sur les solutions est attendu en mars. Mais la voie à suivre est déjà largement connue pour mettre en place la transition vers une économie décarbonée.

«Ce rapport doit sonner le glas du charbon et des énergies fossiles avant qu'ils ne détruisent notre planète», a ainsi plaidé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, accusant ces énergies et la déforestation «d'étouffer la planète».

La COP de la dernière chance

Alors qu'il faudrait réduire les émissions de CO2 de moitié d'ici 2030 pour tenir le +1,5°C, tous les regards se tournent désormais vers Glasgow où se réuniront en novembre les dirigeants du monde entier.

Mais à ce stade, seule la moitié des gouvernements ont révisé leurs engagements d'émissions de gaz à effet de serre. La précédente série d'engagements, pris dans la foulée de l'Accord de Paris de 2015, conduirait à un monde à +3°C, s'ils étaient respectés, mais au rythme actuel, le monde se dirige plutôt vers +4°C ou +5°C.

Le GIEC apporte malgré tout un espoir auquel se raccrocher. Dans le meilleur scénario, la température pourrait revenir sous le seuil de 1,5°C d'ici la fin du siècle, en coupant drastiquement les émissions et en absorbant plus de CO2 qu'on en émet. Mais les techniques permettant de récupérer le CO2 dans l'atmosphère à large échelle sont toujours à l'état de recherche, note le GIEC.

Et certaines conséquences du réchauffement sont de toute façon «irréversibles», insiste le rapport. Sous l'influence de la fonte des glaces polaires, le niveau des océans va continuer à augmenter pendant «des siècles, voire des millénaires». La mer, qui a déjà gagné 20 cm depuis 1900, pourrait encore monter d'environ 50 cm d'ici 2100, même à +2°C.

Pour la première fois, le GIEC souligne également «ne pas pouvoir exclure» la survenue des «points de bascule», comme la fonte de la calotte glaciaire de l'Antarctique ou la mort des forêts, qui entraîneraient le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable.

Mais ce n'est pas une raison pour abandonner le combat, au contraire, insistent scientifiques et militants. Parce que le changement climatique ne se déchaîne pas par magie à un certain seuil : chaque fraction de degré compte et renforce les impacts.

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