La découverte de la pénicilline il y a 95 ans a révolutionné le monde: les infections bactériennes n'étaient plus mortelles. Mais une nouvelle tendance vient noircir ce tableau presque parfait. En effet, de plus en plus de bactéries deviennent au fil du temps résistantes aux antibiotiques et la propagation de ces germes est particulièrement dangereuse.
Ces nouveaux microbes résistants sévissent actuellement dans les hôpitaux grecs, écrit le «Ärzteblatt». Le «European Centre for Disease Prevention and Control» (ECDC) met en garde contre les bactéries dites Klebsiella pneumoniae. Les deux souches ST39 et ST323 sont relativement nouvelles et gagnent du terrain en Europe. Selon le «Ärzteblatt», il s'agit de «souches hautement résistantes» qui se propagent rapidement.
En Suisse aussi, des germes résistants aux antibiotiques circulent. Anne Lévy, directrice de l'OFSP, a déjà qualifié la résistance accrue aux antibiotiques de «pandémie silencieuse» dans un discours prononcé en juin 2019. La «Stratégie Antibiorésistance Suisse», lancée en 2015, a rédigé des objectifs sur mandat des politiques afin d'endiguer la propagation de cette pandémie.
Klebsiella pneumoniae est une bactérie qui se répand activement dans l'organisme. Elle ne nuit toutefois pas les personnes en bonne santé. Mais la résistance aux antibiotiques rend le traitement des infections bactériennes presque impossible, ce qui peut entraîner la mort.
1,3 million de décès chaque année
Les germes Klebsiella peuvent également déclencher de nouvelles infections, comme des inflammations dans les lobes pulmonaires, des infections des voies urinaires, des bronchites, des otites, des septicémies ou des méningites. Et ce sont toutes des maladies qui nécessitent un traitement aux antibiotiques.
«La résistance aux antibiotiques est l'une des plus grandes menaces mondiales pour la santé publique», a fait savoir l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué la semaine dernière. Chaque année, 1,3 million de personnes meurent dans le monde des suites d'une infection due à des bactéries résistantes aux antibiotiques.
Trop d'antibiotiques provoque la résistance
La raison principale de cette propagation rapide est la surutilisation des antibiotiques. Selon l'OMS, ce médicament est prescrit trop souvent et à tort, ce qui nuit à son efficacité.
La résistance aux antibiotiques préoccupe aussi les politiques. En raison de l'utilisation importante de ces médicaments dans l'élevage d'animaux de rente, des bactéries résistantes peuvent pénétrer dans le corps humain via la viande et le lait. Entre-temps, l'utilisation de certains antibiotiques dans l'élevage de bétails a été interdite dans l'UE et en Suisse.
Les personnes âgées et les personnes immunodéprimées sont particulièrement menacées par Klebsiella pneumoniae. Les groupes à risque comprennent les personnes transplantées, les patients atteints de cancer et les patients subissant une intervention invasive.
Klebsiella pneumoniae compte parmi les germes les plus dangereux que l'on trouve dans les hôpitaux. Même si les personnes en bonne santé ne souffrent pas d'infections à ce germe, elles peuvent transmettre les agents pathogènes. Les bactéries résistantes se propagent aussi bien par contact cutané que par contact sur des surfaces contaminées.
Que peut-on faire contre la résistance aux antibiotiques?
Mais comment se protéger des bactéries résistantes aux antibiotiques? Les règles d'hygiène strictes en vigueur dans les hôpitaux et les cliniques doivent impérativement être respectées afin de protéger les plus faibles. Il faut notamment se laver les mains avant de manger, lors du traitement de plaies, après avoir toussé ou éternué et lors de l'utilisation des toilettes.
Toutefois, il n'existe pas de «remède» contre la résistance aux antibiotiques. Selon l'institut allemand Robert-Koch, il n'est pas possible d'empêcher sa propagation, mais seulement de la ralentir.