Ils s'attaquent à des civils
Qui sont les Houthis, ces rebelles du Yémen qui veulent tuer Israël?

Jusqu'à présent, leur champ de bataille se situait au Yémen. Mais aujourd'hui, les rebelles Houtis deviennent des acteurs majeurs du conflit international au Proche-Orient. Ils ne craignent personne: ni Israël, ni les Etats-Unis. Blick fait le point en six questions.
Publié: 05.12.2023 à 06:12 heures
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Dernière mise à jour: 05.12.2023 à 07:45 heures
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Le mouvement est dirigé par le leader chiite Abdul Malik al-Houthi, plus souvent nommé Abi Jibril. Les rebelles cherchent désormais à prendre le pouvoir dans tout le Yémen.
Photo: AFP
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Guido Felder

Les rebelles Houtis au Yémen sont de plus en plus impliqués dans le conflit international au Proche-Orient. Ils s'attaquent principalement à des navires civiles de commerce, associés à Israël, naviguant au large du Yémen. Dimanche, les rebelles ont déclaré dans un communiqué avoir tiré des missiles sur trois navires commerciaux en mer Rouge. Le destroyer américain «USS Carney» a porté secours aux navires et a intercepté trois drones en provenance du Yémen. On ignore à ce jour si le destroyer a, lui aussi, été pris pour cible. 

Mais qui est ce groupe soutenu par l'Iran qui, jusqu'à présent, s'était toujours battu pour le pouvoir au Yémen? Blick répond aux questions les plus importantes.

Qui sont les Houthis?

Les Houthis sont un mouvement politico-militaire au Yémen qui a renversé le gouvernement il y a environ dix ans. Les islamistes, qui appartiennent au groupe chiite des zaydites, se désignent eux-mêmes sous le nom d'Ansar Allah, qui signifie «Partisants de Dieu».

C'est en 1994 que les premières troupes de combat se sont formées, dans le cadre de la guerre civile au Yémen. L'organisation s'est établie en 2003, lorsque les États-Unis ont envahi l'Irak. Elle prend exemple sur le parti politique du Hezbollah, au Liban. On estime que le mouvement rassemble entre 180'000 et 200'000 combattants armés.

Un peu d'histoire s'impose pour comprendre ses origines. Jusqu'au début des années 1960, les imams zaydites régnaient sur le Yémen. Après avoir perdu le pouvoir, ces derniers se sont regroupés avec d'autres mouvements pour former une milice et combattre le gouvernement sunnite. C'est à la chute du gouvernement que l'Arabie saoudite est intervenue dans le conflit, aux côtés des dirigeants officiels yéménites, pour faire face aux Houthis.

Qui dirige le mouvement?

Les Houthis sont une affaire familiale. Le groupe porte le nom de son fondateur, Hussein Badreddine al-Houthi (1959-2004), homme politique yéménite et chef religieux du mouvement. En 2004, le gouvernement annonce offrir 75'000 dollars pour sa tête. Le leader rebelle est tué quelques mois plus tard dans le gouvernorat de Sa'dah.

Son héritage a été repris par ses frères, en particulier Abdul Malik al-Houthi, dont l'âge est estimé entre 41 et 43 ans. Le leader chiite, plus souvent nommé Abi Jibril, figure sur une liste de sanctions internationales. En 2021, il est condamné à mort par le tribunal militaire yéménite pour son coup d'État et d'autres délits militaires.

Quel est l'objectif des rebelles?

A l'origine, les rebelles Houthis étaient principalement actifs dans le nord-ouest du pays. Mais aujourd'hui, le mouvement cherche à prendre le pouvoir dans tout le Yémen. Leur objectif? Le transformer en un État théocratique sur le modèle de l'Iran. Les rebelles se considèrent comme faisant partie de l'«axe de la résistance», qui regroupe les forces de la région opposées à l'Occident et à Israël.

Ce n'est que récemment que le chef al-Houthi a affirmé que «notre peuple est prêt à partir par centaines de milliers pour rejoindre le peuple palestinien et faire face à l'ennemi». Leur cri de guerre est sans équivoque: «Dieu est grand, mort à l'Amérique, mort à Israël, maudits soient les Juifs, victoire à l'Islam.»

À quel point sont-ils dangereux?

Les Houthis sont principalement équipés de drones et de missiles fournis par l'Iran. L'arsenal comprend également des missiles à longue portée qui peuvent atteindre Israël, situé à 1600 kilomètres. Depuis le début de la guerre à Gaza, l'organisation a déjà visé l'Etat juif avec plusieurs missiles, dont certains ont pu être interceptés par l'Arabie saoudite.

Mais les protégés d'Abdul Malik al-Houthi visent également des cibles civiles, comme le montrent les attaques récentes contre des bateaux de commerce. Ils menacent de s'en prendre à «tous les navires» ayant un lien avec Israël. Mi-novembre déjà, ces militants issus du zaïdisme s'étaient emparés d'un cargo appartenant en partie à un homme d'affaires anglo-israélien.

L'Arabie saoudite est vraisemblablement le pays qui a ressenti le plus la force de frappe des Houthis. Les rebelles ont attaqué des cibles dans la monarchie voisine du Golfe à de nombreuses reprises. Des attaques contre des installations pétrolières en 2019 ont été particulièrement spectaculaires. Peu après leur survenue, le royaume a dû temporairement réduire considérablement ses capacités de production.

Qui soutient les Houthis?

L'allié le plus important du mouvement n'est autre que l'Iran. Lorsque les Houthis ont renversé le gouvernement yéménite, ils ont été isolés au niveau international. L'Iran a pris le relais, en fournissant les rebelles du pétrole et de l'électricité dont ils avaient urgemment besoin. Le soutien de l'Iran se manifeste également par la fourniture d'armes, de l'argent et une formation militaire.

Les Houthis vont-ils à nouveau frapper?

Les Houthis ont annoncé publiquement qu'ils allaient commettre des nouvelles attaques contre d'autres cargos. Suite à ces déclarations, l'armée américaine a tiré la sonnette d'alarme: «Ces attaques constituent une menace directe pour le commerce international et la sécurité maritime.»

De leur côté, les États-Unis s'efforcent de favoriser la désescalade. Lors d'un entretien avec Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, la vice-présidente américaine Kamala Harris a assuré le soutien des États-Unis «au peuple palestinien et à son droit à la sécurité, à la dignité et à l'autodétermination». Le peuple palestinien a besoin d'une «perspective politique claire», a-t-on ajouté.

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