Cette Suissesse et sa famille auraient dû revenir au pays depuis plusieurs jours déjà. Mais, les vacances en France d'Anna P.*, lectrice de Blick, se prolonge contre sa volonté. Depuis dimanche, la Bernoise est bloquée à Saint-Georges, en banlieue parisienne. La cause? Les réservoirs de nombreuses stations-service françaises sont vides. La région parisienne, ainsi que le Nord et l’Ouest de la France, est particulièrement touchée par cette pénurie de carburant. C’est la conséquence de la grève des employés des grandes raffineries du pays, qui réclament une augmentation de salaire.
Les pompes qui possèdent encore de l’essence connaissent une forte affluence: les pleins sont donc limités à 30 litres. Anna P. lutte déjà depuis plusieurs jours pour obtenir le précieux combustible, sans succès jusqu’à présent.
«Nous faisons le tour des stations-service»
«Nous voulions partir samedi, raconte Anna P. à Blick. Nous visitons environ cinq stations-service par jour, mais aucune ne peut nous fournir.» La famille a même parfois parcouru plus de 30 kilomètres, avant une nouvelle déception: «Depuis, notre niveau d’essence est descendu tellement bas que nous ne pouvons plus nous permettre d’aller de station en station.» Désormais, les trentenaires tentent de remplir des bidons en utilisant la voiture électrique de leurs hôtes. Officiellement, la vente directe d’essence en bidon est interdite en France.
Comme la famille bernoise, de nombreux Suisses ne parviennent pas à quitter la France en voiture. Baris Rimensberger, lui aussi lecteur de Blick, se trouve également dans la région parisienne avec un réservoir presque vide. «Hier, j’ai roulé pendant deux heures, soupire-t-il mercredi. Mais de nombreuses stations-service étaient fermées et j’ai dû garer ma voiture. Aujourd’hui, je cherche à nouveau de l’essence.»
Les Français sont en colère
Des millions de Français font actuellement face à cette crise. Pour économiser de l’essence, ils font du covoiturage et sortent leur calculette: «J’ai 200 kilomètres d’autonomie dans mon réservoir, celui de mon ami est aux trois quarts plein. Nous sommes en sécurité pour une semaine et demie. Mais après?», s’inquiète John Bertamini, aide-soignant, dans «La Montagne».
Selon Anna P., le pays est divisé en deux camps: d’un côté, il y a ceux qui acceptent la situation. De l’autre, il y a ceux qui «ne comprennent absolument pas, et chez qui la frustration et la colère grondent».
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Ces goulets d’étranglement persistants devant les stations-service sont causés par la grève des employés des grandes raffineries de France. Depuis fin septembre, les deux installations du groupe pétrolier américain Exxon-Mobil et la moitié des installations du groupe énergétique TotalEnergies (anciennement Total) sont à l’arrêt. Au vu des récents bénéfices de deux multinationales, qui se chiffrent en milliards, les syndicats réclament une augmentation de salaire.
«Nous devrons peut-être prendre l’avion»
Le gouvernement français perd patience. «La situation est difficile pour nos compatriotes et inacceptable dans certaines régions du pays», a déclaré la Première ministre, Elisabeth Borne. Mardi, la cheffe du gouvernement a annoncé qu’elle allait obliger les salariés à effectuer des services d’urgence, afin de débloquer la situation.
Anna P. espère que les promesses des politiciens se réaliseront rapidement. «Lundi, notre fils doit retourner à l’école. Notre chien nous attend aussi, souligne la Bernoise. D’ici là, nous continuerons à chercher de l’essence. Si nous ne trouvons rien, nous devrons peut-être prendre l’avion et laisser la voiture en France.» Mais bonne nouvelle, ses hôtes sont parvenus à obtenir deux bidons d’essence: bientôt de quoi faire le trajet.
* Nom modifié