Appel rejeté
L'opposant russe Alexeï Navalny purgera 19 ans de prison

Un tribunal moscovite a rejeté l'appel de l'opposant russe Alexeï Navalny. L'homme de 47 ans doit donc purger une peine de 19 ans de prison.
Publié: 26.09.2023 à 19:29 heures
Navalny, qui était déjà emprisonné pour «fraude» avant cette nouvelle condamnation, dénonce ces jugements comme des vengeances politiques pour son combat de longue date contre le président russe Vladimir Poutine, la corruption des élites et ses critiques de l'assaut russe contre l'Ukraine (archives).
Photo: keystone-sda.ch

La justice russe a rejeté mardi l'appel de l'opposant Alexeï Navalny de sa condamnation à 19 ans de prison pour «extrémisme». Ce verdict doit l'envoyer dans une colonie pénitentiaire aux conditions encore plus rudes. La cour d'appel a décidé «de laisser inchangé le jugement de M. Navalny en première instance», a déclaré le juge Viktor Rogov, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le critique numéro 1 du Kremlin avait comparu plus tôt dans la journée par lien vidéo depuis sa prison.

Des vengeances politiques

M. Navalny, qui était déjà emprisonné pour «fraude» avant cette nouvelle condamnation, dénonce ces jugements comme des vengeances politiques pour son combat de longue date contre le président russe Vladimir Poutine, la corruption des élites et ses critiques de l'assaut russe contre l'Ukraine. Le militant anticorruption de 47 ans avait peu d'illusions sur l'issue de ce pourvoi, estimant que la durée de son emprisonnement sera «mesurée par la durée de (s)a vie ou la durée de vie de ce régime».

Détenu dans la colonie pénitentiaire IK-6 de Melekhovo, à 250 kilomètres à l'est de Moscou, où il est régulièrement envoyé en cellule disciplinaire, M. Navalny devrait ainsi voir ses conditions de détention empirer.

Une colonie à «régime spécial»

Il devra purger sa nouvelle peine dans une des colonies russes à «régime spécial», des établissements du système carcéral russe d'ordinaire réservés aux condamnés à perpétuité et aux criminels les plus dangereux. A l'issue de l'annonce du rejet de l'appel, une de ses avocates, Olga Mikhaïlova, a déploré auprès de l'AFP que son client «puisse être envoyé n'importe quand» dans un de ces établissements, une fois la décision enregistrée auprès de la justice.

Depuis son arrestation en janvier 2021, M. Navalny communique essentiellement via des messages transmis à ses avocats, continuant avec humour de dénoncer la politique du Kremlin et l'offensive en Ukraine. En août, il a appelé les Russes à «résister» à la «bande de traîtres, de voleurs et de crapules qui ont pris le pouvoir». Dans une colonie à «régime spécial», ses prises de parole risquent toutefois d'être beaucoup plus rares, les visites étant nettement plus limitées.

Les pays occidentaux appellent à sa libération immédiate

Il existe une quarantaine de prisons de ce type en Russie, souvent situées dans des endroits très reculés et qui fonctionnent sous une administration qui n'a guère été réformée depuis le goulag soviétique, selon les défenseurs des droits humains.

Le temps que M. Navalny a passé derrière les barreaux a déjà eu des conséquences sur sa santé: le charismatique militant, autrefois rayonnant, apparaît aujourd'hui amaigri et vieilli. Il avait échappé de peu à la mort lorsqu'il avait été empoisonné en août 2020, passant plusieurs mois de convalescence en Allemagne. Il avait été arrêté dès son retour en Russie en 2021.

Sa santé s'est encore détériorée ces derniers mois, au cours desquels il a fait de multiples séjours en cellule d'isolement. Avant l'examen de son appel, il y a été envoyé pour la 20e fois, selon son équipe.

«Hier, à 17h00, j'ai été libéré de la cellule d'isolement. Aujourd'hui, à 08h00, j'y ai été renvoyé. Quatre jours», écrivait M. Navalny par l'intermédiaire de son équipe sur les réseaux sociaux la semaine dernière. «Pourquoi pour une durée aussi courte? Parce que dans quatre jours exactement, j'ai une audience d'appel», ironisait-il.

La plupart des alliés d'Alexeï Navalny ont été contraints à l'exil ces dernières années et plusieurs ont été jetés en prison, condamnés à de lourdes peines. Les pays occidentaux ont appelé à la libération immédiate de l'opposant.

(ATS)

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