Mike Johnson menacé de destitution
Le «shutdown» menace au Congrès américain pour adopter le budget avant minuit

La Chambre américaine des représentants a adopté vendredi le budget de l'Etat fédéral pour 2024. Cela a provoqué la fureur des conservateurs qui menacent en retour de destituer le chef de l'institution, Mike Johnson.
Publié: 22.03.2024 à 20:41 heures
Le chef de la Chambre des représentants, Mike Johnson, est menacé de destitution (archives).
Photo: Jose Luis Magana

L'élue Marjorie Taylor Greene, proche de Donald Trump, a annoncé avoir déposé une motion pour destituer ce leader républicain, l'accusant de «trahison».

Le Congrès doit pourtant à tout prix adopter ce budget de 1200 milliards de dollars (1078 milliards de francs) avant minuit pour éviter un assèchement soudain des finances de l'Etat fédéral.

Risque de «shutdown»

Mais le calendrier est encore très flou sur la tenue d'un vote au Sénat, alimentant les craintes d'une paralysie, même très temporaire, de l'Etat fédéral, le fameux «shutdown». Il est certes très courant que des accords de toute dernière minute soient trouvés au Congrès, et tout particulièrement sur les questions budgétaires.

Plusieurs employés fédéraux se sont toutefois déjà vus notifier du risque que cette paralysie ait bien lieu. «Finissons le travail aujourd'hui», a exhorté le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.

La liste des conséquences potentielles d'une paralysie de l'Etat est longue: des militaires et des agents de la sécurité des transports non payés, des administrations à l'arrêt, certaines aides gelées... Une situation extrêmement impopulaire auprès des Américains et dont la plupart des effets se feraient sentir en début de semaine.

«C'est une attaque atroce contre le peuple américain»

Les Etats-Unis butent depuis plusieurs mois sur l'adoption finale d'un budget, empêtrés dans des querelles partisanes entre le camp du président démocrate Joe Biden et certains républicains partisans d'une orthodoxie budgétaire très stricte.

Les conservateurs ont vivement dénoncé vendredi l'accord, conclu entre la Maison Blanche et les responsables du Congrès, qui a été soumis au vote vendredi. «C'est une attaque atroce contre le peuple américain», a affirmé l'élue trumpiste Marjorie Taylor Greene, quelques minutes avant de déposer sa motion pour évincer le chef de la Chambre, Mike Johnson, pourtant bien membre de son parti.

L'ancien «speaker» de la Chambre, Kevin McCarthy, avait déjà fait les frais de tractations budgétaires similaires, il y a seulement quelques mois. Le quinquagénaire avait été destitué lors d'un vote historique en octobre, accusé par des élus très proches de Donald Trump de ne pas défendre les intérêts de son parti.

S'il est adopté, le projet de loi présenté jeudi prolongera le budget américain jusqu'à la fin de l'exercice financier, soit le 30 septembre. Ce texte de 1012 pages, fruit de tractations très acrimonieuses, contient des mesures qui auraient de fortes répercussions à l'étranger.

Le texte interdit ainsi tout financement direct des Etats-Unis à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, au coeur d'une controverse depuis qu'Israël a accusé fin janvier 12 de ses quelque 13'000 employés à Gaza d'être impliqués dans l'attaque meurtrière du 7 octobre perpétrée par le Hamas.

Projet critiqué par la gauche

Le projet d'interdire les financements américains à l'Unrwa a été vivement critiqué par l'aile gauche du Parti démocrate. «Je voterai contre ce projet de loi qui interdit l'aide à des enfants à Gaza qui meurent de faim», a annoncé l'élu progressiste Ro Khanna dans un message sur X, anciennement Twitter.

Le projet de loi en débat vendredi contient aussi des centaines de millions de dollars pour Taïwan. Ainsi que plusieurs mesures liées à l'immigration, un sujet explosif en pleine campagne présidentielle.

Il prévoit, entre autres, l'embauche de dizaines de milliers d'agents de la police aux frontières. Le texte contient enfin une litanie de mesures, pas forcément liées au budget.

Comme l'interdiction aux ambassades américaines de faire flotter le drapeau arc-en-ciel, étendard de la communauté LGBT+, contrairement à ce que certaines d'entre elles avaient pour coutume de faire à l'occasion du «mois des fiertés». Un texte adopté le 9 mars avait déjà permis de boucler une autre partie du budget de 2024.

(ATS)

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