Un bébé en pleurs. Une fillette recroquevillée sur elle-même, la larme à l’œil. Ou au contraire une famille nombreuse tout sourire, constituée d’un père, d’une mère et de quatre enfants. Les images contrastantes des flyers les adversaires du mariage pour tous jouent sur une corde sensible, celle du bonheur des petites têtes blondes. Les opposants sont fermement opposés à la procréation assistée par don de sperme.
Le mariage pour tous? Ce n’est pas l’enjeu des votations, a affirmé Benjamin Roduit (Centre/VS) devant les médias. «L’enjeu principal, c’est la procréation médicalement assistée.»
Pour le Valaisan, son extension aux couples de lesbiennes est tout d’abord contraire à la Constitution. «Le texte précise que la médecine reproductive ne peut être utilisée qu’en cas de stérilité ou de danger de transmission d’une maladie grave.» Or les lesbiennes ne peuvent pas être considérées comme infertiles, a-t-il poursuivi.
«Deux mères ne peuvent toutefois pas remplacer un père»
«Le projet crée un droit légal d’avoir des enfants, ainsi qu’une fausse image du père», a complété Verena Herzog (UDC/TG). «L’homme est réduit au rôle de simple fournisseur de sperme. La loi lui interdit même de s’occuper de l’enfant. Deux mères ne peuvent toutefois pas remplacer un père.»
Sans figure paternelle jusqu’à leurs 18 ans, les enfants issus de couples lesbiens ne sont même pas sûrs de pouvoir renouer avec leur père biologique une fois la majorité atteinte, a quant à lui pointé Marc Jost, ancien député PEV, ayant grandi dans une famille arc-en-ciel. Le procréateur peut ne pas vouloir de relation avec eux. «Ces enfants peuvent alors traverser des crises identitaires.»
A ses yeux, l’instrumentalisation des enfants pour le bonheur des parents est une limite éthique à ne pas franchir. «Personne n’a le droit d’avoir des enfants, mais les enfants ont le droit d’avoir une mère et un père», a abondé Verena Herzog.
Le don de sperme soulève d’autres questions
«Le projet ouvre en outre une boîte de Pandore», a encore pointé Benjamin Roduit. D’autres groupes de la population, comme les célibataires ou les gays, pourraient également vouloir avoir accès à la médecine reproductive. Et de craindre l’introduction de la gestion pour autrui et le don d’ovules.
Des arguments réfutés par les partisans du texte. Les enfants arc-en-ciel, qui sont déjà une réalité en Suisse, seraient mieux protégés, d’après eux. L’autre parent sera automatiquement reconnu. Actuellement, si la mère biologique meurt durant la longue et fastidieuse procédure d’adoption, l’enfant risque d’être placé.
De plus, les parents homosexuels sont tout autant capables d’amour que les couples hétérosexuels. Pour le camp du «oui je le veux», il s’agit avant tout d’éliminer des discriminations. Personne ne se verrait retirer quoi que ce soit. Des droits déjà existants seraient simplement étendus à d’autres groupes de la population.
La décision tombera le 26 septembre
Les Suisses trancheront le 26 septembre. Si le projet est accepté, les couples homosexuels pourront soit conserver leur partenariat enregistré, soit le convertir en mariage. Les mariages entre une femme et un homme ne sont pas concernés. Pas plus que les unions religieuses. De nouveaux partenariats ne pourront plus être conclus.
L’idée d’un pacte de solidarité à la française fait toutefois son chemin dans l’administration. Accessible à tous les couples, quelle que soit leur orientation sexuelle, il aurait des conséquences juridiques moins étendues que le régime matrimonial. Un rapport sur le sujet est attendu pour la fin de l’année.