La motion n'a pas été acceptée en l'état pour des raisons «réglementaires», a indiqué mardi en fin d'après-midi la députée de la gauche radicale Elodie Lopez à Keystone-ATS. La résolution - déclaration ou vœu non contraignants - pourrait être déposée la semaine prochaine, une fois retravaillée.
«A l'approche du centenaire de l'arrivée de Mussolini au pouvoir en Italie, Ensemble à Gauche estime qu'il est temps de discuter de la révocation du doctorat honoris causa ès sciences sociales et politiques décerné à Benito Mussolini par l'Université de Lausanne en 1937», indiquait le texte de la motion. Celui-ci demandait parallèlement de faire en sorte de maintenir ces épisodes dans la mémoire collective (avec une plaque mémorative, par exemple).
EàG estime qu'il serait également temps de saluer le geste de Jean Wintsch, professeur de psychologie appliquée à l'Ecole des sciences sociales et politiques, qui s'est opposé «dans une grande solitude» à cette attribution. La motion demandait donc aussi que l'UNIL rende honneur à M. Wintsch.
«Regrettable»
A l'époque, la distinction avait été décernée au Duce «pour avoir conçu et réalisé dans sa patrie une organisation sociale qui a enrichi la science sociologique et qui laissera dans l'histoire une trace profonde». Mussolini a passé près de deux ans en Suisse au tout début du 20e siècle et il a fréquenté pendant quelques mois la Faculté des sciences sociales et politiques de l'UNIL.
Interrogé fin février sur le sujet dans l'émission Forum de la RTS, le nouveau recteur de l'UNIL Frédéric Herman avait reconnu que ce titre créait «un malaise» et était «regrettable». «Tout ce que j'aimerais dire, c'est que les valeurs de l'UNIL sont à l'opposé du fascisme. Ce qui est important, c'est de pouvoir regarder son passé. Comme toute institution, on est faillible et dans ce cas-là, on a failli», avait-il admis.
Le recteur avait estimé qu'un retrait de la distinction à titre posthume serait compliqué. L'UNIL a créé un groupe d'experts internes qui examine la question et devrait terminer son travail d'ici le printemps. Le but est d'avoir une position institutionnelle claire, selon M. Herman, plaidant aussi pour le débat démocratique.
(ATS)