Retardé de trois mois en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus, le scrutin, qui se tient à la proportionnelle sur deux tours, vise à élire pour six ans les conseillers des treize régions de la France métropolitaine et de deux d'outre-mer. Ceux-ci sont compétents dans des domaines touchant directement les citoyens, comme les transports publics, les collèges et lycées, l'aménagement du territoire.
Si les enjeux sont multiples, l'abstention risque d'être le grand vainqueur de ce premier tour, au moment où l'épidémie de Covid-19 reflue et la vie retrouve un semblant de normalité.
Les élections seront analysées comme un galop d'essai pour la présidentielle 2022. Le Rassemblement national (RN, extrême droite) a le vent en poupe. Le parti du président français Emmanuel Macron, La République en marche, sans réelles assises territoriales, n'est a contrario pas dans une posture favorable.
«Plus l'abstention monte et plus, en pourcentage des votes exprimés, les offres extrêmes sur le spectre politique ont à y gagner», note le politiste de la Sorbonne Pierre Lefébure. «Surtout le RN avec un électorat très motivé et chauffé à blanc par un matériel électoral qui met partout en avant la photographie de Marine Le Pen à un an de la présidentielle», ajoute-t-il.
En face, l'électeur voit un parti présidentiel tout jeune, dépourvu de candidats sortants, une gauche éclatée, sans leadership depuis 2017, et une droite divisée sur l'attitude à adopter face au RN.
Dans ces conditions, le RN ambitionne de briser le front républicain qui lui avait barré la route en 2015. Pour la première fois, il pourrait diriger plusieurs régions, favorisé par le scrutin à la proportionnelle, qui donne une prime de 25% des sièges à la liste recueillant le plus grand nombre de voix.
Dans une campagne anesthésiée par la crise sanitaire, l'intérêt n'a jamais décollé. La sécurité s'est immiscée parmi les sujets majeurs, alors qu'elle n'est pas une compétence des régions.
(ATS)