La question de l'égalité des sexes et le débat autour des notions de «cancel culture» et de «woke» ne semblent intéresser qu'une petite minorité de personnes en Suisse. Selon un sondage publié lundi par Tamedia et 20 Minuten, ces thèmes sont loin de faire partie des problèmes les plus urgents pour la majorité des Suisses.
Seuls 18% des personnes interrogées considèrent l'égalité comme un problème urgent à devoir résoudre, et seulement 13% pour le sujet de la «culture de l'effacement» et du «woke».
En revanche, les coûts de la santé, la prévoyance vieillesse ou les changements climatiques figurent en haut du tableau des préoccupations.
Langage non sexiste peu accepté
Le débat sur le langage non sexiste ou inclusif - une forme d'écriture qui inclut les femmes et les personnes non binaires - ne fait pas non plus partie des priorités des personnes vivant en Suisse.
Seules 23% des personnes interrogées considèrent cette question comme importante ou plutôt importante. Et seule une minorité des personnes interrogées (24%) veille à l'égalité des sexes dans le langage. Les femmes (27%) sont nettement plus nombreuses que les hommes (14%) à se préoccuper de cette thématique. En résumé, une petite minorité des personnes interrogées (24%) veille à un langage respectueux des genres. Les trois quarts ne s'en préoccupent pas ou plutôt pas.
L'utilisation d'un langage respectueux de l'égalité des sexes dans les médias ou lors d'interventions publiques est mieux acceptée: 30% y sont tout à fait ou plutôt favorables. Mais 68% des Suisses rejettent totalement ou partiellement un langage respectueux de l'égalité des sexes.
Le masculin générique priorisé
La situation est pratiquement la même dans le monde du travail et dans la vie quotidienne: seuls 22% sont favorables à l'utilisation d'expressions non sexistes, 75% les rejettent partiellement ou complètement.
La moitié des personnes interrogées utilisent toujours ou souvent le masculin générique, c'est-à-dire la forme masculine pour désigner des personnes ou des professions, même s'il ne s'agit pas uniquement d'hommes. Même chez les femmes, ce chiffre s'élève à 45%. Cette forme est rarement ou jamais utilisée chez 25% des femmes et 15% des hommes.
Pour respectivement 74% et 73% des sondés, les mots «infirmière» et «hôtesse de l'air» désignent des professions encore considérées comme «féminines».
En revanche, le terme «Mademoiselle» n'est plus utilisé que par un quart des sondés et celui de «yougo» que par 19% de la population helvétique.
Selon l'enquête, les hommes utilisent en général plus souvent ces expressions et les considèrent comme moins polémiques que les femmes.
«Tête de nègre» pour 46% des sondés
Parallèlement, les termes problématiques sont loin d'avoir disparu du langage courant. Pas moins de 46% des sondés disent encore souvent «tête de nègre» et ne considèrent pas ce terme comme problématique. 18% des sondés n'utilisent ce mot que dans un contexte particulier.
Enfin, l'expression «pays du tiers-monde» ne choque pas le 60% des personnes interrogées. Au total, 30'754 personnes ont participé à cette étude.
(ATS)