L'affaire se nomme désormais «Suisse Secrets», et a été révélée par une enquête collaborative impliquant 152 journalistes de divers pays.
Les recherches ont été menées par le quotidien allemand «Süddeutsche Zeitung» en collaboration avec les chaînes de télévision NDR et WDR ainsi qu'avec plusieurs autres grands partenaires médiatiques internationaux, dont le journal britannique «Guardian», le français «Le Monde» et l'américain «New York Times». Ces médias ont analysé des données de la banque fournies par une source anonyme, selon le journal.
Les documents donnent des informations sur les comptes de plus de 30'000 clients de Credit Suisse venant du monde entier, selon le rapport. Les dossiers de 18'000 comptes d'une valeur de 100 milliards de dollars sont concernés.
Des criminels ont pu ouvrir des comptes ou les conserver alors que «la banque aurait pu savoir depuis longtemps qu'elle avait affaire à des criminels», selon l'enquête. De nombreux chefs d'Etat et de gouvernement, ministres et chefs des services secrets ainsi que des oligarques et des cardinaux auraient été clients de la banque.
La banque rejette les accusations
Credit Suisse a indiqué dans un communiqué fermement rejeter «les allégations et insinuations concernant les prétendues pratiques commerciales de la banque».
Les faits présentés sont essentiellement historiques, remontant dans certains cas aux années 1940, a encore indiqué la banque. Ils reposent sur «des informations partielles, inexactes ou sélectives sorties de leur contexte».
Pour des raisons juridiques, Credit Suisse ne peut pas s'exprimer sur des relations potentielles avec des clients. La banque affirme prendre l'affaire au sérieux et annonce son intention de poursuivre l'enquête avec une task force interne en faisant appel à des experts externes spécialisés.
Médias suisses absents
«Je pense que le secret bancaire suisse est immoral», a déclaré la source des données analysées. «Le prétexte de la protection de la sphère privée financière n'est qu'une feuille de vigne pour dissimuler le rôle honteux des banques suisses en tant que collaboratrices des fraudeurs fiscaux».
Les données de Credit Suisse ont été évaluées en collaboration avec l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) ainsi que 46 partenaires médiatiques du monde entier, selon le journal allemand.
Les médias suisses comme Tamedia ont renoncé à participer à cette recherche, car depuis 2015, les journalistes risquent une procédure pénale s'ils écrivent sur des données bancaires divulguées, a tweeté le journal alémanique «Tagesanzeiger» dimanche soir.
(ATS)