Cette turbine est actuellement en maintenance dans des ateliers du groupe allemand Siemens au Canada. Le groupe gazier russe Gazprom avait invoqué ces travaux pour justifier mi-juin une réduction de ses livraisons à l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream.
Le gouvernement allemand dit se trouver depuis plusieurs semaines «en contacts intensifs» avec Ottawa pour obtenir le retour de cet équipement vers l'Europe en dépit des sanctions frappant la Russie. Berlin a dit vendredi avoir reçu des «signaux positifs» de la part du Canada, selon le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Hebestreit.
L'Allemagne ne croit pas au motif technique invoqué par Gazprom pour expliquer la baisse des livraisons de gaz, mais considère que le retour de la turbine priverait la Russie d'un prétexte pour prolonger cette fermeture du robinet de gaz, qui menace de dégénérer en crise énergétique majeure.
L'Ukraine grogne
De son côté, l'Ukraine a instamment prié le Canada de ne pas rendre la turbine. «Nous demandons au Canada de ne pas remettre la turbine de Gazprom à l'Allemagne, mais à l'Ukraine», a écrit jeudi sur sa page Facebook Serguiï Makogon, patron de l'opérateur de transport de gaz OGTSU. Selon lui, les gazoducs ukrainiens sont capables de transporter un volume suffisant de gaz vers l'Allemagne pour compenser la baisse des livraisons russes.
«L'Ukraine peut transporter la totalité du volume de Nord Stream, tandis qu'il existe encore le gazoduc inactif Yamal qui passe par la Pologne», argumente M. Makogon. «Nous ne devons pas nous soumettre au chantage du Kremlin», ajoute-t-il. «Le Canada examine actuellement si la livraison de la turbine enfreint les dispositions relatives aux sanctions», a expliqué vendredi le ministère allemand de l'Economie.
«Si cela rendait la décision plus facile à prendre pour les Canadiens sur le plan juridique», les Allemands proposent à Ottawa de leur envoyer la turbine plutôt que de la livrer à la Russie. Le Kremlin a assuré vendredi que «si la turbine revenait après sa réparation, cela permettrait d'augmenter les volumes» livrés via Nord Stream. L'Allemagne craint que Moscou ne coupe totalement les flux de gaz après la maintenance de routine du gazoduc lui-même qui doit débuter lundi et durer une dizaine de jours.