L'équipe de Gerhard Hotz, du Musée d'histoire naturelle de Bâle, et de Mohamed Sarhan, de l'Institute for Mummies Studies à Bolzano (I), a mené des analyses génétiques pour découvrir la cause de la mort de cette femme identifiée comme Anna Catharina Bischoff, née en 1719 à Strasbourg, où son père était pasteur.
Alors que les scientifiques s'attendaient à trouver la bactérie de la syphilis, ils sont tombés sur une mycobactérie d'espèce inconnue appartenant à un groupe dont font partie les agents de la lèpre et de la tuberculose. De fortes concentrations ont été relevées dans les tissus cérébraux de la défunte, selon un communiqué du musée.
Ce n'est toutefois pas la cause du décès, soulignent les auteurs. L'infortunée aurait succombé, suite à un diagnostic erroné, à un traitement au mercure utilisé contre la syphilis. Cette inhalation de vapeurs de mercure, utilisée jusqu'au 19e siècle, avait très souvent des suites fatales pour les patients.
Découvert deux fois
Les chercheurs planchent depuis 2015 pour clarifier d'abord l'identité puis les circonstances du décès de la personne momifiée retrouvée dans le caveau familial du directeur d'hôpital Isaak Bischoff, à la Barfüsserkirche (église des Cordeliers) à Bâle.
Il s'est notamment avéré que le corps avait été découvert une première fois au 19e siècle, puis remis en place pour des raisons éthiques. Ce n'est qu'en 1975 qu'il a été redécouvert.
Momie la mieux conservée de Suisse, Anna Catharina Bischoff est une descendante de Johann Froben, imprimeur à Bâle au début du 16e siècle. Elle s'est mariée en 1738 à Bâle, mais a vécu avec son mari, lui aussi pasteur, à Strasbourg, avant de revenir à Bâle en 1782. Elle est morte en 1787 à l'âge de 67 ans.
Seuls deux de ses sept enfants ont atteint l'âge adulte. Une de ses filles s'est mariée avec un baron du nom de Pfeffel von Kriegelstein. Détail piquant, celui-ci figure sur l'arbre généalogique de Boris Johnson. L'ancien Premier ministre britannique est ainsi l'arrière-petit-fils au sixième degré de la momie.
L'excellent état de conservation des restes d'Anna Catharina Bischoff est dû à la cause de sa mort. Le mercure a conservé son corps.
(ATS)