L'affaire passionne les médias français. Et pourtant, ce sont deux Suisses qui sont au centre de ce qui s'apparente à un féminicide.
Domaine de Terrebasse dans le Comminges. Le jeudi 8 juillet, les gendarmes sont alertés par la famille de Daniela F., une Suissesse de 49 ans qui a disparu de la circulation depuis trois jours. Une fois sur le domaine, les forces de l'ordre retrouvent la femme sans vie - une balle dans la tête.
Discrète, passionnée par les chevaux, Daniela est décrite par le voisinage comme une femme qui «ne parlait pas très bien français, mais elle avait repris le Domaine de Lagnet depuis quatre ou cinq ans pour en faire des chambres d'hôtes».
Les gendarmes ont également été prévenus par la police suisse. Le compagnon de Daniela F., qui réside en Suisse, aurait signalé sa mort à la police zurichoise alors même que personne n'en était encore informé. D'après les informations de Blick, il serait en garde à vue en Suisse alémanique et serait aujourd'hui le principal suspect. Pour l'heure, la police cantonale zurichoise ne confirme ni n'infirme l'information.
Propos incohérents
L'homme en cause aurait été convoqué par la police de Zurich en milieu de semaine pour discuter d'un tout autre dossier. Mais le quinquagénaire a rapidement tenu des propos incohérents auprès des enquêteurs. Délirant et alcoolisé, il affirme que sa femme, Daniela, a été assassinée en Haute-Garonne. Ces déclarations ont été prises au sérieux par les autorités suisses, qui ont fait un signalement à la direction de la coopération internationale (DCI), basée à Nanterre.
La DCI a ensuite transmis cette information aux miliaires de Haute-Garonne. Les gendarmes de Boulogne-sur-Gesse venaient justement de recevoir un appel de la famille de la victime.
Extradition impossible
La Suisse n'aime pas que l'on juge ses citoyens extra-muros. Le compagnon de Daniela F. serait placé en rétention à Zurich alors que les gendarmes français de Haute-Garonne, tout comme les autorités suisses, poursuivent l'enquête. Mais un problème d'autorité judiciaire risque de se poser.
Une enquête pour homicide volontaire a été ouverte par le parquet de Toulouse, mais les enquêteurs français devront se déplacer en Suisse s'ils obtiennent le droit d'interroger le suspect. Autrement, il faudra laisser aux Suisses le soin de mener l'interrogatoire – le pays refusant d'extrader ses ressortissants. Si le suspect est inculpé pour l'assassinat de sa compagne, il sera jugé en Suisse.