Voici un point de la situation au 136e jour de la guerre à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
«Toute la ligne de front est sous un bombardement incessant», a affirmé vendredi soir le gouverneur du Donetsk, Pavlo Kyrylenko, sur Telegram. «Ils n'arrêtent pas de bombarder dans la direction de Donetsk (...) Bakhmout est bombardé, Sloviansk est bombardé jour et nuit, Kramatorsk...»
L'état-major ukrainien a de son côté rapporté samedi des bombardements russes dans l'Est et sur Kharkiv, mais pas d'offensive terrestre. Les troupes de Moscou ne semblent pas mener actuellement d'assauts hormis une tentative sur Dolomitné, près de Bakhmout.
Quatre personnes ont été blessées à Kharkiv, la deuxième ville du pays, selon le gouverneur régional Oleg Synegoubov. A Droujkivka, au sud de Kramatorsk, une attaque de missiles présumée a laissé un énorme cratère devant un supermarché lui-même endommagé.
La Russie doit régénérer ses troupes
«Les troupes russes qui ont pris Severodonetsk et Lyssytchansk ont manifestement besoin de régénérer leur puissance de combat et de renforcer leurs capacités de soutien, notamment en matière de ravitaillement, avant de lancer une autre opération offensive de grande envergure», analyse l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Severodonetsk et Lyssytchansk étaient des villes clé dont la capture récente a permis à Moscou de s'emparer de l'intégralité du Lougansk, une des deux régions composant le Donbass. Contrôler l'intégralité du Donetsk, le second territoire composant le Donbass, est un impératif russe. Les forces russes, en «pause opérationnelle» depuis jeudi, «continuent cependant de mener des opérations offensives plus limitées», impliquant moins de troupes que les semaines passées, et avec des objectifs «plus localisés», selon l'ISW.
La Russie rassemble de nouvelles forces près de l'Ukraine en vue de «futures opérations offensives», pour lesquelles elle emploiera de nombreux véhicules blindés MT-LB, conçus dans les années 1950 comme «un tracteur pour tirer l'artillerie, avec un blindage très limité et une mitraillette pour se protéger», affirme le ministère britannique de la Défense. Nombre de renforts russes sont déployés «avec des équipements obsolètes ou inappropriés», observe Londres, réagissant à un discours du président Vladimir Poutine, qui prétendait jeudi que la Russie n'avait «pas encore commencé les choses sérieuses» en Ukraine.
Plus de pertes 5000 civils
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken lors d'une rencontre samedi sur l'île indonésienne de Bali avec son homologue chinois Wang Yi, lui a demandé de prendre ses distances avec Moscou et de condamner «l'agression» russe contre l'Ukraine.
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L'ONU a recensé près de 5000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que le nombre véritable est sans doute largement supérieur. Pour la seule ville de Marioupol, tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20'000 morts, sans fournir de preuve.
15'000 à 20'000 soldats russes tués
Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15'000 à 20'000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n'est disponible.
Plus de six millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). Ils s'ajoutent aux quelque 5,5 millions d'Ukrainiens enregistrés comme réfugiés dans d'autres Etats européens depuis le début de l'invasion le 24 février.
(ATS)