La justice fribourgeoise valide
Des parents appellent leur fille Tiktu Spring Hokkaidö

Dans le canton de Fribourg, le prénom particulier d'une petite fille a créé quelques remous. Le Tribunal cantonal a donné raison aux parents de Tiktu Spring Hokkaidö alors que les services de l'Etat Civil avait refusé l'enregistrement.
Publié: 20.07.2021 à 17:32 heures
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Dernière mise à jour: 20.07.2021 à 19:15 heures
Le Tribunal cantonal de Fribourg approuve un prénom de jeune fille inhabituel.
Photo: Getty Images

L’enregistrement du nom d’une petite fille née le 2 avril 2020 à Fribourg a posé quelques menus problèmes. Tiktu Spring Hokkaidö Goodall (il s’agit du prénom complet), l’enfant en question, a dû attendre plus d’une année pour être officiellement nommé ainsi. Entre-temps, l’Office d’état civil avait informé les parents que ce quadruple prénom «était susceptible de porter préjudice à leur fille, ce qui pourrait justifier un éventuel refus d’enregistrement».

Devant ce prénom fantaisiste, les parents ont été invités à expliquer ce choix. Ce qu’ils ont fait comme suit, selon l’arrêté du Tribunal cantonal fribourgeois: «'Tiktu' est un prénom inventé – chose qui est une tradition dans la famille – qui a été inspiré par leurs voyages. 'Spring' est un mot anglais signifiant 'le printemps', 'la source' et 'le jaillissement', choisi pour souligner les aspects positifs de l’existence et la force de la vie. 'Hokkaidö' est une référence à l’île japonaise du même nom, qui tient particulièrement à cœur des époux. Enfin, 'Goodall' est un hommage à Jane Goodall, célèbre éthologue britannique.» Il est également précisé que les parents «ne comprennent pas en quoi ces prénoms pourraient porter préjudice à leur enfant et sont étonnés du fait que le choix des prénoms de leurs deux fils n’a jamais fait l'objet de discussions.» Selon la même logique que précédemment expliqué et selon nos informations, les deux autres enfants du couple se prénomment Iloï Névé Cohen, Nordje Edmond Mendeleïev.

Le 2 juillet 2020, le Service des affaires institutionnelles, des naturalisations et de l’Etat civil (SAINEC) avait refusé l’inscription des prénoms Tiktu Spring Hokkaidö Goodall pour les raisons suivantes: «Le prénom inventé Tiktu ne permet pas de déterminer le sexe de l’enfant et a une connotation plutôt masculine. En outre, ce prénom se prêterait à toutes sortes de déformations qui pourraient stigmatiser l’enfant dans ses relations sociales. Quant au prénom Goodall, il s’agit en réalité d’un nom de famille. Il souligne que le fait que l’inscription des prénoms des deux premiers enfants ait été acceptée ne signifie pas qu’il doive en être de même du prénom litigieux, lequel a été soumis au SAINEC en tant qu’autorité de surveillance.»

Les parents cèdent sur un point

Les parents n’étaient pas en accord avec la décision et ont défendu leur point de vue devant le Tribunal cantonal. Ils ont affirmé avoir mûrement réfléchi aux implications de ce nom. En outre, selon eux, il existe plusieurs prénoms qui n’indiquent pas le sexe. Dans leur recours déposé en août 2020, ils ont tout de même cédé sur un point: «L’admiration pour une personnalité ne suffit pas pour admettre l’usage d’un nom de famille comme prénom, et renoncent de ce fait au prénom 'Goodall'».

Après deux recours successifs devant le SAINEC et à la Direction des institutions de l’agriculture et des forêts, le cas a été porté au Tribunal cantonal. Ce dernier a précisé dans son jugement que «l’on peut admettre qu’il est surprenant d’appeler sa fille 'Tiktu', rien n’indique que ce prénom exposerait particulièrement sa titulaire à des moqueries. Comme le reconnaît l’autorité intimée, tous les prénoms peuvent potentiellement être détournés et tournés en ridicule. Or, rien ne laisse penser que le prénom 'Tiktu' se démarquerait spécifiquement des autres dans ce sens. En effet, les exemples de moqueries évoqués, à savoir les ressemblances sonores avec 'TikTok' et 'tic-tac' ne devraient pas manifestement entacher le développement et la personnalité de la petite fille, justifiant un refus d’inscription.»

Le recours des parents a donc été admis et l’avance de frais de 800 francs leur a été rendue. (zis)

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