Le président américain et la vice-présidente Kamala Harris ont officiellement accepté, lors d'une réunion publique à Washington, le soutien des associations Planned Parenthood, NARAL et Emily's List.
Kamala Harris a accusé les conservateurs américains de mener une «attaque totale contre tant de droits et libertés si chèrement acquis» et attaqué les «extrémistes» qui veulent selon elle interdire le droit à l'avortement sur tout le territoire américain via une loi fédérale.
«Le peuple américain ne l'acceptera pas», a assuré la vice-présidente, qui a rappelé la spectaculaire volte-face, il y a un an, de la Cour suprême sur l'avortement, un «coup très dur» selon elle. Le 24 juin 2022, la haute cour, profondément remaniée par Donald Trump, avait annulé son arrêt Roe v. Wade, qui garantissait depuis 1973 le droit des Américaines à avorter sur tout le territoire, rendant à chaque Etat sa liberté de légiférer.
Depuis, le pays est fracturé entre la vingtaine d'Etats ayant décrété des interdits ou de fortes restrictions, principalement situés dans le sud et le centre du pays, et ceux des côtes qui ont adopté de nouvelles garanties.
Conséquences «dévastatrices» de ce revirement
Joe Biden a dénoncé vendredi les conséquences «dévastatrices» de ce revirement de la Cour, et promis: «Nous nous battrons pour rétablir cette protection» disparue de l'accès à l'IVG à l'échelle fédérale, par la voie législative.
S'en prenant à son tour à la droite, il a assuré que les républicains les plus radicaux s'en prendraient après le droit à l'avortement au droit à la contraception et au mariage homosexuel: «Ils ne s'arrêteront pas là.» Au même moment quasiment, également dans la capitale fédérale, débutait un grand rassemblement du mouvement évangélique et conservateur «Foi et liberté», qui a fait de l'interdiction de l'avortement l'un de ses principaux combats.
L'ancien vice-président Mike Pence et le gouverneur de Floride Ron DeSantis, prétendants à l'investiture républicaine pour 2024, y ont défendu des positions intransigeantes sur l'IVG, le premier exhortant ses concurrents à appuyer le principe d'une loi fédérale qui limiterait les délais pour avorter dans l'ensemble du pays.
Donald Trump doit prononcer un discours devant ce rassemblement samedi. Le prédécesseur de Joe Biden, considéré à l'heure actuelle comme son plus sérieux rival pour 2024, a estimé récemment que la décision de la Cour suprême était la «volonté de Dieu». Mais, contrairement à certains conservateurs, il ne réclame pas de manière tonitruante une interdiction au niveau fédéral.
L'IVG cristallise les divisions politiques
Joe Biden, catholique fervent, n'a pas toujours été dans le passé un partisan enthousiaste du droit à l'avortement. Mais le démocrate de 80 ans, dont la cote de popularité reste anémique, a endossé le rôle de premier défenseur du droit à l'IVG avec une conviction qui n'empêche pas un certain sens de l'opportunité politique. Vendredi, l'un de ses porte-parole a tenu à rappeler sur Twitter que selon un récent sondage CBS/YouGov, 63% des Américains s'opposaient à une interdiction de l'avortement sur tout le territoire américain.
Et l'échec de référendums anti-avortement dans les très conservateurs Etats du Kentucky et du Kansas a montré des nuances jusque dans l'électorat républicain. Le droit à l'IVG est un sujet qui cristallise les divisions politiques aux Etats-Unis, et qui, pour de nombreux électeurs, décide à lui seul du bulletin qu'ils glissent dans l'urne.
C'est encore plus vrai depuis la décision de la Cour suprême il y a un an. Pas moins de 28% des Américains enregistrés sur les listes électorales déclarent par exemple, selon un sondage Gallup publié le 21 juin, qu'ils votent exclusivement en fonction de la position des candidats sur l'interruption volontaire de grossesse. Ils étaient 27% dans une enquête conduite en mai 2022, ce qui était déjà un niveau record, assure l'institut de sondage.
(ATS)