Inscrit dans la Constitution
A Genève, le droit à l'alimentation doit encore devenir concret

Les Genevois ont largement accepté d'inscrire, ce dimanche, le droit à l'alimentation dans leur Constitution. Mais difficile de dire pour l'instant ce que cela va changer concrètement.
Publié: 19.06.2023 à 14:50 heures
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Dernière mise à jour: 20.06.2023 à 10:05 heures
Des bénévoles s'affairent autour de la préparation des sacs alimentaires, organisée par la Caravane de la Solidarite Genève, en mai 2020 à la patinoire des Vernets.
Photo: Keystone
Amal Safi

Ce dimanche 18 juin, le peuple genevois a voté à 67,63% pour être à l’abri de la faim et assurer à tous un accès à une alimentation adéquate. Avoir ce droit désormais garanti par la Constitution va permettre de définir des politiques publiques d’alimentation qui vont concerner autant les personnes précarisées que celles qui cultivent la terre.

Concrètement, c’est encore flou

Pour le moment, ces mesures de mise en œuvre du texte restent encore totalement à définir. Selon le Conseiller d’Etat Thierry Apothéloz, en charge de la cohésion sociale, elles toucheront autant «la production agricole», la «distribution de l’aide alimentaire» que la «consommation».

Une meilleure sensibilisation à une alimentation saine et de qualité et la constitution de réserves financières en cas d’urgence sont aussi d’autres pistes évoquées. La première séance de travail avec un groupe composé de différents organismes impliqués dans l’écosystème alimentaire cantonal aura lieu le 27 juin.

Mais les idées ne manquent pas du côté de ceux qui sont sur le terrain. Un comité de plus de 60 acteurs engagés dans la production agricole, la restauration ou l’aide sociale est à l’origine d’un manifeste pour le droit à l’alimentation. Il s'agit d'un document préparatoire élaboré en avril dernier à la Fondation Mater, en vue de la votation.

Selon certains de ces organismes, ce droit pourrait se matérialiser sous diverses formes: rémunération équitable des paysans et personnes actives dans la chaîne alimentaire, création d’emplois dans ce secteur, garantie d’un juste prix pour les produits issus de l’agriculture paysanne locale de saison, mesures pour favoriser la protection des sols ou encore intégration de cours dans le cursus scolaire contre le gaspillage alimentaire.

Le reflet d’un changement de paradigme

Dans leur texte, les auteurs du manifeste défendent «un changement de paradigme», qui résonne peut-être aussi par la large majorité acquise lors de la votation. Selon ce changement, on basculerait ainsi de la conception de l’alimentation comme un bien acquis, à une volonté de «construire une souveraineté alimentaire» passant, logiquement, par la création de fondations financières solides pour une agriculture locale efficace.

Avec cette votation, Genève dit donc vouloir prendre en main sa production alimentaire. Même si les contours restent à définir, une majorité de Genevois semblent ne pas vouloir revivre ces scènes de distribution alimentaire d'urgence qui avaient éclos durant la pandémie de covid.

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